"Histoire du soldat", au Théâtre de la Renaissance, avec Thomas Fersen

Publié Mercredi 25 janvier 2012

Du 2 au 5 février, le Théâtre de la Renaissance d'Oullins propose "Histoire du Soldat", la nouvelle création signée Roland Auzet avec Thomas Fersen en unique interprète. Les deux artistes ont expliqué leur démarche en public lors d'une rencontre organisée à la FNAC Bellecour, le mardi 24 janvier. Extraits.

"Il fallait vraiment que ce spectacle de théâtre musical soit intéressant pour que je quitte (provisoirement, ndlr) mon propre projet artistique !". Thomas Fersen croit beaucoup à cette "Histoire du soldat" qu'il jouera prochainement à Oullins sous la direction de Roland Auzet. Et on le comprend. En sortant de la rencontre avec le public, on a qu'une envie : se précipiter au Théâtre de la Renaissance pour assister à l'une des quatre représentations prévues entre le jeudi 2 et le dimanche 5 février...

Un spectacle universel d'un terrible actualité Petit flash-back. "Histoire du soldat" est le fruit de la collaboration de deux grands artistes du début du XXe siècle, le musicien Igor Stravinsky et l'écrivain Charles-Ferdinand Ramuz. Joseph, un soldat naïf, croise le Diable sur son chemin. Contre un livre magique, capable de prédire l'avenir, il lui cède son violon et comprend, mais trop tard, qu'il vient de perdre le cours de sa vie...

Près d'un siècle après sa création, en 1917, notre monde n'est-il pas toujours en plein chaos à la fois moral et économique, sans parler des guerres incessantes aux quatre coins du globe ? Sur la route de Joseph, il sera question de temps passé à la guerre, de tromperie sur l'état du monde... Vous avez dit Actualité ? L'histoire a cependant été transposée dans l'univers d'un conte raconté par un enfant dans sa chambre.

Le plaisir des mots On connaît le goût de Thomas Fersen pour les mots. Si les siens nous enchantent depuis le milieu des années 1990, le voilà servi cette fois avec les textes de Ramuz. "À la première lecture, on pense que c'est mal écrit. Mais quand on prend le temps de les apprécier, on découvre toutes leurs forces, leurs multiples niveaux d'interprétation, les inversions permanentes, les allers-retours avec le public, etc. J'aime beaucoup cette complexité. Le trouble que cela suscite me fait sentir vivant... Résultat, le spectacle est parsemé de moments délicieux suggérant des tabous, une angoisse, des incertitudes, etc. ", souligne Fersen avec plein de malice dans le regard.  
Délaissant pour une fois ses fameuses chansons, l'auteur des Papillons incarnera l'ensemble des personnages. Un défi à la mesure de son immense talent à se glisser dans la peau aussi bien d'un homme que d'une femme... Tant de chansons en témoignent dont "Je suis devenue la bonne", par exemple.

La force de la musique Si Fersen sera seul sur scène, sept musiciens l'accompagneront sous la direction de Geoffroy Jourdain ; les deux hommes se connaissent bien pour avoir travaillé ensemble sur l'album "Le pavillon des fous". La musique de Stravinsky constitue d'ailleurs le troisième atout du spectacle. Le metteur en scène Roland Auzet explique : "avec seulement sept instruments, Stravinsky est capable de faire entendre un choeur, un orchestre symphonique, un ogre de barbarie, une fanfare et même une voix alors même qu'aucune voix n'est chantée. C'était un génie pour faire apparaître des éléments qui ne sont pas sur scène ! Il fait penser à un peintre qui, avec trois couleurs, se montrait capable de créer un monde tout entier".

Les textes troublants de Ramuz, la musique de Stravinsky et Thomas Fersen sur scène : voilà trois bonnes raisons d'aller s'aérer les neurones en dehors de Lyon. Une forme de Renaissance...

© Bruno Sleepless

Renseignements :
Théâtre de la Renaissance
69600 Oullins
Internet : www.theatrelarenaissance.com