"La chair est tendre"... et délicieuse ! (de Mathilde Lazuech)
Présentée jusqu'au 11 février au théâtre des Allumés de la Lanterne, la création de Mathilde Lazuech aborde la sexualité à travers la danse, le théâtre et la vidéo. Coup de Coeur.
Comment parler de sexualité, sujet pour le moins universel, sans tomber dans l'écueil de la provoc' facile ou de l'exhibitionnisme gratuit ? Dans "La chair est tendre", sa toute première création, la jeune Mathilde Lazuech (à peine 20 ans) y parvient en multipliant les pistes à travers l'histoire d'une folle passion entre deux êtres.
Un spectacle pluri-disciplinaire La danse tient une place prépondérante dans ce spectacle en suggérant avec force la puissance dévastatrice d'un amour avec un grand A. Chaque scène est singulière, des premières caresses incroyablement sensuelles jusqu'au combat final, aussi furieux et brutal qu'une corrida, habilement évoquée par de la terre rouge venue directement d'Aveyron...Â
Les duos avec une autre danseuse, Amandine Vermare, sont éblouissants en montrant deux corps tantôt enlacés avec fougue, tantôt sur le point de se déchirer jusqu'au dernier sang. Tout est dit ? Non.
D'autres disciplines artistiques sont utilisées : certaines scènes de théâtre constituent par exemple de véritables plongées dans l'abîme de la solitude, voire de la folie avec un "pétage de plomb" qui laisse particulièrement sans voix. Du vécu ? "Non, rien d'autobiographique", admet la jeune artiste. "J'aime juste ces scènes où il faut lâcher prise". Sans en faire trop pour autant ; le signe d'une belle maîtrise de toute son énergie. "La passion est épuisante parce qu'elle implique l'esprit et le corps", souligne Mathilde. "L'être tout entier participe, il n'y a pas de demi mesure possible. L'Autre devient indispensable, tant mentalement que physiquement". Et dans certains cas, bonjour les dégâts ! C'est bien connu que les histoires d'amour finissent mal...
"Mettre en lumière la fragilité des êtres" Troisième élément et non des moindres : la vidéo. Au fil du spectacle, plusieurs individus témoignent de manière anonyme sur leur vie sexuelle ou amoureuse. Teintées parfois d'humour ou de regrets, ces confessions intimes s'avèrent assez touchantes et confirment qu'en matière amoureuse, chacun fait surtout ce qu'il peut, composant ainsi avec ses doutes, ses peurs, ses frustrations... ou ses envies les plus fortes. "En mêlangeant le jeu, la danse et la vidéo, je souhaite former un ensemble d'images sensuelles, charnelles, pour toucher à la fragilité des êtres, et mettre en lumières ce qui brûle, ce qui palpite en chacun de nous sous différentes formes". Mission accomplie si l'on en croit quelques extraits du Livre d'Or : "quelle énergie ! Quelle sensualité ! On attend avec effervescence le prochain spectacle !".
De l'aboutissement... au tremplin ? La création de "La chair est tendre" est le fruit d'une carte blanche accordée à Mathilde par la Pépinière, son école de théâtre à Lyon. Sa responsable, Émilie Treynet, explique cette démarche. "Nous proposons à nos élèves un parcours individualisé durant trois ans qui leur permet de découvrir tous les aspects du spectacle vivant. À l'issue de leur formation, nous les accompagnons sur leur propre création : spectacle, exposition...". Ou comment transformer l'aboutissement d'une formation en tremplin, vers - peut-être - le début d'une carrière.
Repérée il y a trois ans, Mathilde Lazuech a l'avenir devant elle. "La petite", comme on l'appelle à la Pépinière, a tout pour devenir une grande. À elle de confirmer...
© Bruno Sleepless
"La chair est tendre", jusqu'au samedi 11 février, à 20h30 au théâtre "Les Allumés de la Lanterne"
26, rue de la Lanterne, Lyon 1er
Tél. 04 78 29 85 47
Entrée : 8 euros, 10 euros.Â