The artist
On vit une époque formidable. Celle de la énième campagne électorale sans fond et sans imagination où nous sommes invités à élire l'homme "normal", afin d'échapper au pire de la beaufitude dangereuse et décomplexée, érigée en norme de la "non prise de tête" comme idéal commun.
Dans cette même époque où l'on réédite les premiers textes de Catherine Pancol, au cas où ça nous manquerait, où l'on remplit son caddie de "La délicatesse", sagemment rangé à côté du Nutella et de la brioche pour les petits.
Bref, c'est l'époque où l'on aime surtout à se retrouver, à se distraire sans prendre de risques, où l'on va au cinéma pour bouffer du pop corn, lieu idéal pour emmerder les autres et pour décompresser.
Dans cette époque où les lions font la sieste, "The artist" recueille tous les suffrages de l'oeuvre tiède et bien roulée, frenchy mais pas trop, dont l'unique exploit est de nous faire entendre à nouveau la respiration lourde de nos contemporains, chargée au Xanax. Muet donc.
Dujardin excelle en Dujardin, petite Bérénice bien fraîche, musique irréprochable, scénario inexistant...
Hazanavicius qui avait fait bien mieux dans son second OSS 117, lunettes proprettes, look impeccable, excelle lui aussi dans la mise en scène bien foutue au service du film "mignon" et sans grandes conséquences...
Gageons que "The artist" deviendra vite un classique du film "super intello" pour les démunis du sens critique comme l'étaient les films de Lelouch en leur époque héroïque.
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