"Hunger Games" : un film qui laisse sur sa faim...

Publié Vendredi 23 mars 2012

Scénario épais comme un sandwich SNCF, acteurs en roue libre, cadrages approximatifs... C'est peu dire que "Hunger Games" s'avère décevant.

Les scénaristes des "blockbusters" américains manquent décidément d'imagination. Un groupe d'hommes et de femmes se livrent à une meurtrière chasse à l'Homme devant des caméras de télévision "pour qu'à la fin il n'en reste plus qu'un" : cela ne vous rappelle rien ? Vous avez le choix entre "Rollerball" (dans les années 1970 avec James Caan) et surtout l'excellent film d'Yves Boisset "Le prix du danger"... au début des années 1980 ! Sans chauvinisme aucun, force est de reconnaître que Gary Ross, le réalisateur de "Hunger Games" a encore du pain sur la planche pour rivaliser avec ce film à deux dollars... Son histoire est creuse, insipide et pas besoin de sortir de la Fémis pour comprendre que la séduisante Katniss Evergreen va s'en sortir à la fin (oups, désolé, j'ai vendu la mèche, désolé... ^_^). 
On aurait pu s'attendre à un film à grand spectacle, et bien même pas. En dehors de la parade des Tributs, qui présente les concurrents à une foule en délire, on peine à s'enflammer. Pas étonnant que l'on ait vu plusieurs fois des écrans de téléphone portable s'allumer durant la séance : leurs propriétaires devaient s'ennuyer ferme... Il faut dire que question lenteur, trémolos et pathos, le spectateur est servi... jusqu'à l'indigestion. Sans parler des images mal cadrées qui donnent le tournis. Gary Ross a-t-il entendu parler de la Steady-Cam ???

Des acteurs en roue libre Du côté des acteurs, ce n'est guère mieux. En dehors de Jennifer Lawrence, l'héroïne courageuse qui tape dans le mille, le reste de la distribution joue en roue libre, à commencer par Woody Harrelson qui cabotine à qui mieux mieux dans un rôle de mentor alcoolique ridicule, ou Donald Sutherland, sorte de grand manitou à la barbe blanche qu'il faudrait croire méchant et dangereux. Tu parles ! Bien sûr, deux beaux gosses se disputent le coeur de la Belle Jennifer, mais ils sont tellement transparents que leurs noms ont peu de chance de passer à la postérité. Bref, on se demande bien ce que Lenny Kravitz est venu faire dans cette galère aussi sidérale que sidérante. Autant le chanteur new-yorkais avait surpris tout le monde dans le séduisant "Precious" en incarnant un infirmier avec conviction, autant là... Il s'en sort pourtant mieux que tous les autres dans la mesure où son rôle lui permet de mettre le feu lors d'une scène ; c'est encore dans ce domaine que Lenny reste le meilleur ! ^_^
L'une des rares satisfactions du film repose sur la création d'une esthétique futuriste séduisante. À croire que seuls les décorateurs et les créateurs des costumes et des coiffures se sont amusés sur le plateau ! Soit au total quelques minutes de fantaisie saupoudrées au milieu d'une violence aveugle et gratuite, c'est maigre.

Une saga jusqu'en... 2015 ! "Hunger Games" aurait pu n'être qu'un Blockbuster parmi tant d'autres, aussi rapide et éphémère qu'une étoile filante. Une recherche sur www.allocine.com apprend qu'il s'agissait en fait du début d'une longue saga programmée jusqu'en... 2015 ! Malédiction ! Un épisode de "Hunger Games", ça va (et encore), mais bonjour les dégats quand il y en a encore trois autres après... Gageons que les scénaristes américains feront preuve à l'avenir d'un peu plus d'imagination...

© Bruno Sleepless
PS : J'avais oublié à quel point il est devenu insupportable d'aller voir un film dans un multiplexe, à proximité de la place Bellecour. C'est bien simple, on entend surtout le bruit des mangeurs de pop-corn, ou d'autres cochonneries, incapables de respecter leurs voisins. Au secours ! Pas prêt de recommencer cette "expérience"...