L'église glam-rock de Foxy Shazam

Les américains continuent de distribuer leur glam-rock incandescent sur une quatrième livraison toujours aussi rafraîchissante.
Foxy Shazam, ce sont six allumés de Cincinnati menés par le frontman Eric Sean Nally, qui définit leur musique ainsi : « Quand j'écoute un album de Foxy Shazam, je pense à Evel Knievel ; Bruce Springsteen ; mon enfance ; Van Morrison ; mes anciens amis de lycée à qui je ne parle plus ; Elton John ; les années 50, 60, 70, 80, 90 et au-delà ; Iggy Pop ; et mon premier baiser ». Tout un programme. Les petits protégés de Justin Hawkins - leader des géniaux The Darkness et producteur de l'album - balancent un glam-rock coloré et énergique, scandaleusement catchy et furieusement dansant.
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Un petit coup de blues ? Votre bien-aimé(e) vient de vous quitter ? La fin du monde arrive pour de vrai ? Pas grave, il suffit de balancer The Church of Rock and Roll dans votre stéréo, potard à 12, et c'est reparti comme en 40. Le sextet convoque sur leur quatrième galette la théâtralité de Queen ('I Like It', 'Too Late Baby'), l'énergie glam de The Darkness ('The Temple') et la pop colorée d'Elton John ; le tout porté par le charismatique leader Eric Sean Nally, qui balance du falsetto comme si Freddie Mercury avait été son professeur de chant dans une autre vie. Sa voix tour à tour grandiloquente, minaude ou enflammée, traverse tout l'album avec classe, portée par un glam rythmé, cuivré et flamboyant.
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En écoutant The Church of Rock and Roll, on se dit que le rock de Foxy Shazam est taillé pour les stades, comme si l'espace de la galette était trop étroit pour sa démesure. Une impression renforcée par l'utilisation massive de choeurs, notamment sur 'Freedom' et '(It's) Too Late', où Eric Sean Nally évoque plus que jamais une certaine légende moustachue pré-citée. Mais là où les six parviennent à se démarquer, c'est par la présence de nombreux cuivres, qui offrent une teinte ska, dansante, à l'album ('Holy Touch', 'Wasted Feelings'). Comme leurs compères de The Darkness, les énergumènes de Foxy Shazam ramènent du fun dans le rock, à grands coups de solos de guitare foutraques et d'une grandiloquence qui devrait être illégale. Le rock qui vous pousse à secouer vos têtes en vous époumonant sur des refrains que vous ne pouvez pas vous enlever de la tête ('I Wanna Be Yours'). Celui qui vous fait danser sans raison, déhanché ridicule à la clé, et vous vous en contrefoutez.
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Alors, certes Foxy Shazam n'invente rien, mais bordel qu'est-ce que ça fait du bien ! Les six américains offrent un rock décomplexé et rafraîchissant, qui s'écoute n'importe quand, pour se redonner la patate ou simplement bouger ses cheveux et ses petits pieds. Oubliez vos antidépresseurs, amis maussades, et venez donc faire un tour dans l'église d'Eric Sean Nelly et de ses compères, sono bien à fond, habits de lumière pailletés sur le dos et dancing shoes aux pieds. Vraiment, The Church of Rock and Roll fait partie de ses albums qui devraient être remboursés par la Sécu.