Si on parlait journalisme...
Édito du n°855 - mercredi 12 septembre 2012 - Petit Bulletin Grenoble

On aurait pu faire d'autres titres beaucoup plus accrocheurs, quitte à survendre notre dossier, voire même à emmener le lecteur sur une fausse piste, dans le simple but de le faire s'arrêter sur notre journal. Mais non, on a choisi la sobriété, parce que Stendhal ne mérite pas ça, et puis de toute façon, le sujet ne s'y prête pas du tout - on ne va pas s'emballer, on n'est qu'un modeste canard culturel de province, d'ailleurs non exempt de critiques.
Vous n'aurez donc pas droit à des premières pages du type « Sont-ils si nuls ? » (le Nouvel Obs' de la semaine dernière, qui s'interrogeait sur les qualités des membres du gouvernement), ou encore « Casse-toi riche con » (le Libé du lundi 10 septembre consacré à Bernard Arnault, le patron de LVMH qui demande la nationalité belge). Des unes provocatrices, populistes et d'une violence méprisable (surtout pour la seconde, quoi que l'on pense de l'affaire), qui témoignent d'une volonté de marquer les esprits plus que d'informer.
On est donc dans de la surenchère éditoriale, où tout est susceptible de faire vendre (l'un des meilleurs exemples : la nomination d'Audrey Pulvar à la tête des Inrocks par un Matthieu Pigasse qui avait sans doute flairé le coup médiatique - on n'a jamais autant parlé des Inrocks qu'en ce moment). C'est d'un côté déprimant, et de l'autre salvateur, puisque cela permet de sans cesse questionner le métier au demeurant nécessaire et passionnant de journaliste.