De Larry et Andy Wachowski (EU, 2h07) avec Emile Hirsch, Christina Ricci, Matthew Fox, John Goodman...
Speed Racer sort en France après s'être ramassé avec fracas dans tous les territoires où le film a été distribué, à commencer par son Amérique d'origine. Rude atterrissage pour les Wachowski après la trilogie Matrix... Entre temps, les frangins s'étaient illustrés en produisant leur adaptation de V pour Vendetta, une fable stupéfiante d'audace politique, dont ils avaient laissé la sage réalisation à James MacTeigue. Speed Racer, c'est l'anti-V pour Vendetta : un film décérébré mais d'une extrême sophistication formelle, un blockbuster expérimental pour enfants de 5 ans. Transposant une série d'animation japonaise sur de futuristes courses automobiles et leurs pilotes iconisés, ils inventent un univers ripoliné, où le virtuel est omniprésent au point que les acteurs, tous talentueux, ne ressemblent plus qu'à des papiers découpés perdu au milieu des effets spéciaux.
Le scénario accumule les clichés, les situations sirupeuses, les bons sentiments et les méchants caricaturaux (à noter cependant que le mal absolu est une incarnation du capitalisme broyant les petits artisans passionnés !). Débile, et même débilitant, le film affiche une désarmante franchise en faisant d'un gosse obèse et de son pote chimpanzé les vrais narrateurs de l'action, et en n'hésitant pas à filer l'analogie pilote de bolide / joueur de Playstation tout au long de ce jeu vidéo géant.
Malgré son inanité évidente, Speed Racer ne se dégage pas d'un revers de main ; car le film est impressionnant dans ses trouvailles formelles et sa façon de faire voler en éclats des notions comme la temporalité, le plan ou le récit. Sur le mode du télescopage furieux, les Wachowski orchestrent un ballet presque abstrait d'images et de sons, d'époques et de formes, aussi fascinant que lassant (le film dure trente minutes de trop). L'expression est désuète, mais Speed Racer est vraiment un grand film malade !
Christophe Chabert