Musiques en Sticks

En guise d'invités pas comme les autres, "Musiques en Stock" convoque à Cluses la mélancolie traînante des Tindersticks, idéale pour les couchers de soleil tardifs ou les couchers tout court. Stéphane Duchêne

C'est sans doute parce qu'ils ne sont pas à proprement parler un groupe de festival que les Tindersticks, et donc ici Musiques en Stock, se démarquent quelque peu de l'ensemble des programmations estivales. Si l'on résume, cela fait maintenant une vingtaine d'années que l'étrange formation de Stuart Staples, l'une des voix les plus envoûtantes et les plus mélancoliques de la scène musicale, nous régale de ses étrangetés cotonneuses et éthyliques. Et pourtant, depuis le premier album éponyme, le groupe et sa musique ont considérablement évolué. Il y a la première période qui démarre en 1993 avec ce premier album, directement élu album de l'année par l'hebdomadaire anglais Melody Maker, qui alterne, comme sur les disque suivants, balades atonales, envolées de violons à s'ouvrir les veines et duos masculin-féminin déchirants (A Marriage Made in Heaven, Travelling Light, Buried Bones). Une période qui culmine avec les sublimes Live in Bloomsbury Theatre, l'album Curtains, où Staples se fait plus grave et désespéré que jamais, et une superbe BO pour le sanglant Trouble Every Day de Claire Denis avec laquelle le groupe collaborera quatre fois. Une période également marquée par l'importance des arrangements de cordes malades de Dickon Hinchcliffe.

Waitin' for the moon

Mais de plus en plus, malgré quelques réminiscences lyriques sur Waitin' for the Moon (2003), sous l'influence de Staples, le groupe se tourne vers une esthétique soul, qui pourrait ressembler à du Marvin Gaye sous codéine. Peu à peu, les cordes s'éclipsent et le début de la carrière solo de Stuart Staples suivi du départ d'Hinchliffe ne feront que confirmer cette tendance. Et c'est depuis la Creuse, ce département si cher aux Britanniques, où Staples a installé sa famille et son studio, Le Chien chanceux, que les Tindersticks, désormais composés du trio originel qui posa les toutes premières bases du groupe, livrent des albums moins évidemment arrache-cœur. Oscillant pourtant avec subtilité entre groove paresseux et comptines jazz pour soirée lounge en solo (voire en duo). Avec toujours comme empreinte indélébile et marque de fabrique, la voix abyssale de Stuart Staples, foreuse des tréfonds de l'âme humaine. 

Musiques en Stock
À Cluses (Haute-Savoie)
Du mercredi 4 au samedi 7 juillet (Tindersticks le 5)

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