Une soirée globalement calme pour ce dernier concert au Jardin de ville. Épique avec Get well soon, lyrique avec F.M, platonique avec Mineral... Deux réussites donc, qui se doivent à des innovations très riches au niveau instrumental.Eloi Weiss
Get well soon : un groupe allemand, une pop qui ne fait pas semblant. Konstantin Gropper (chanteur et meneur) intériorise les chansons avec fougue, tantôt au clavier, tantôt à la guitare sèche, tantôt au ukulele, transportant les consciences vers un univers épique vibrant. Les instruments sont pluriels : une diversité qui fait la force de cette pop baroque. Avec beaucoup de simplicité, les sonorités tantôt d'un mélodica, ailleurs d'une calebasse ou d'un tambourin, apparaissent furtivement et agrémentent en totalité cette puissante transe musicale. Un mélange homogène et limpide. Le violon transporte le tout, rythmé sur une ligne de basse impeccable.
C'est un moment d'évasion pure que nous a donné à parcourir Gropper et son groupe pour ce concert sous le chapiteau du Cabaret frappé. Leur dernier album Scarlet Beast O'Seven Heads est un long film à regarder en écoutant. Chaque piste est riche en références cinématographiques : une musique d'images et de sentiments, une musique de film qui se ressent sans ménagement en live. Il n'y a qu'à voir leur clip Roland, I feel you pour être transporté dans leur univers fantastique, sans parler de la qualité visuelle.
« Grenoble I feel you » : c'est ainsi que le chanteur annonce le tube du groupe. L'important est de ressentir donc, pleinement. Les musiciens entre eux semblent très proches, très fusionnels, le public aussi, un mélange homogène qui rappelle l'essence même de la musique : l'harmonie.
En première partie, en concert gratuit au kiosque, F.M (Francois Maurin). Moins de musiciens, mais tout autant hétéroclite dans la diversité des instruments. Sur scène ils sont trois : un contrebassiste, F.M et sa guitare, et un technicien son. C'est pourtant presque dix instruments que l'on entend et que l'on voit vibrer. Car ce savant fou de la pop a trouvé le moyen de mécaniser la plupart des instruments. Ainsi un xylophone géant occupe une bonne partie gauche de la scène, un orgue de barbarie en fond (dont le chanteur expliqua à plusieurs reprises l'importance de cet instrument pour lui), une batterie, des maracas, un piano mécanique... Tous s'activent, autonomes, à l'aide de moteurs guidés par ordinateur... Un spectacle en soi, cette foule d'instrument respectant mathématiquement le rythme. Parfois, seules les machines jouent, pendant que les musiciens restent immobiles, concentrés.
F.M c'est aussi beaucoup de sentiments, les cheveux plaqués de gel, une voix romantique et douce, et des mots en anglais, pour la sonorité dit-il. Cet élégant chef d'orchestre annonce son prochain album pour octobre 2013 avec plus de 20 instruments « autonomes » sur scène. Il paraîtrait même qu'il prévoit de se remplacer par un une voix numérique, lui permettant ainsi d'avoir plus de temps pour ses chansons...
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Restait plus, en fin de soirée, qu'à découvrir le projet Mineral. « Le chanteur d'Archive, le chanteur d'Archive ! » qu'on entendait (il l'a été jusqu'en 2004). Ok. Mais la voix de la chanteuse française Armelle, qui est dans le groupe, est finalement bien plus forte et entraînante celle de Craig Walker. Les musiciens suivent correctement ce style pop-electro, mais rien ne décolle vraiment. Mineral reste donc à l'état minéral, lourd et statique. Tout le monde le sait pourtant que les archives sont souvent poussiéreuses !