Ambiance pesante pour Choco Bé, le nouveau spectacle du metteur en scène grenoblois Benjamin Moreau. Dans la chaleur guyanaise, une famille passe le temps comme elle peut. Au centre du clan, Choco, petite frappe qui cherche à se venger d'un mystérieux orpailleur. Il en mourra, laissant femme, mère, enfants, frère et amante seuls. Une fin que l'on connaît dès le début, grâce à ce prologue rameutant tous les personnages en avant-scène. Ne reste plus ensuite qu'à dérouler les événements.
Cette tragédie moderne a été imaginée par Laura Tirandaz, auteure associée de près au Tricycle – elle y est en résidence pour écrire un nouveau texte. « Cela aurait pu être une tragédie de Sophocle mais ici ça se passe en Guyane » écrit Benjamin Moreau en note d'intention. Avec quelques éléments scénographiques et des costumes évocateurs, il arrive à recréer cette Guyane sur le plateau, pour laisser se déployer le récit.
Il a d'ailleurs une confiance aveugle dans les mots de Laura Tirandaz, peut-être trop : sa mise en scène manque alors de corps, bande un peu mou pour faire écho aux propos du gendarme témoin du drame final. Elle s'étire, rendant le tragique presque banal – mais peut-être était-ce dû à la fraîcheur de la création (on a assisté à la première).
Reste qu'on est parfois happés par de grands moments de théâtre ici et là, comme cette arrivée d'un gendarme en civil dans la famille juste avant la mort de Choco. Des moments de tension qui donnent à l'ensemble une saveur étrange, dérangeante et captivante.
Aurélien Martinez
Choco Bé, jusqu'au samedi 11 avril, au Tricycle / Théâtre 145