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Alex Lutz : haut les masques
Par Benjamin Mialot
Publié Mardi 5 avril 2016
Alex Lutz
Le Grand Angle
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Chaque soir sur Canal +, Alex Lutz est Catherine, quadra maniérée et accroc à la presse people. Sur scène, il est un directeur de casting odieux, un régisseur au professionnalisme contestable ou un incroyable présentateur de JT. Des personnages plus vrais que nature qui peuplent un one-man-show épatant.
Où se situe la frontière entre le traitement en réanimation et l'acharnement thérapeutique au sujet du fameux "esprit Canal" qui végète dans l'entre-soi grégaire depuis une bonne quinzaine d'années ? Personne ne le sait vraiment... Deux hommes, toutefois, incarnent encore le fameux mélange de décalage et d'impertinence qui fit les grandes heures de la chaîne cryptée dans les années 1980 et 1990.
Ou plutôt deux femmes : Catherine et Liliane, les deux secrétaires de rédaction qui, chaque soir dans Le Petit journal de Yann Barthès, décortiquent l'actualité avec un bon sens involontaire mêlé d'idiotie pure. Derrière leurs maquillages "absolutely fabulous" se cachent Bruno Sanches, habitué des feuilletons policiers franchouillards, et Alex Lutz, qui n'a pas attendu le succès de sa vamp de l'open space pour mettre à profit ses prédispositions naturelles au transformisme et à l'observation d'énergumènes en milieu naturel.
Une bande à lui tout seul
Cela fait même plus de huit ans qu'il tourne, en parallèle de ses activités de metteur en scène (pour Palmade notamment), son premier one-man-show. Un spectacle à l'ancienne (quatrième mur droit dans ses fondations, discret substrat autobiographique) qui le voit incarner une galerie de personnages tous plus outrancièrement crédibles les uns que les autres, comme ce régisseur dont la gentillesse n'a d'égale que l'imprudence – « Tu feras attention, j'ai laissé ta bouteille d'eau, ouverte, juste à côté des câbles électriques » conseille-t-il entre deux quintes de rire. Et ce sans autre artifices qu'une expressivité gestuelle et faciale d'une impressionnante précision – pas une surprise pour qui se souvient de son apparition dans le deuxième OSS 117 en fils de nazi.
Au-delà de la performance, chaque sketch (il en a plein en stock et les permute au fil du temps) interpelle dans ce qu'il dit, même sans méchanceté aucune, de la stupidité ambiante. Alex Lutz affirme toutefois faire ce qu'il fait uniquement pour la déconne. Pour le "lulz" comme disent les petits malins du web. Déjà un acte politique en soi.
Alex Lutz
Au Grand Angle (Voiron) samedi 9 avril à 20h
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