de Yuval Adler (All-Isr-Fr, 1h 56) avec Diane Kruger, Martin Freeman, Cas Anvar...
Recrutée par le Mossad pour infiltrer une entreprise iranienne, Rachel (Diane Kruger) a dérogé aux règles en nouant une liaison avec l'homme qu'elle devait espionner. Des années plus tard, elle reprend contact avec son superviseur avec, à la clé, un marché visant à la prémunir de toutes représailles...
Jadis monopolisé par James Bond et sa collection d'épigones, le cinéma d'espionnage a depuis déserté le registre spectaculaire ou ludique pour investir celui d'une authenticité et d'une complexité souterraine plus en adéquation avec le monde contemporain ; celui où un bureaucrate des services de renseignement couleur beige terne (à l'instar du George Smiley de John Le Carré) est plus à redouter qu'un milliardaire mégalomane. De fait, ce sont bien les stratégies "d'intelligence" via le système de recrutement et d'utilisation des "correspondants" que le réalisateur Yuval Adler dépeint ici, dans toute sa perversité manipulatrice. Ramener l'humain au centre du jeu quand il est d'habitude question d'intérêts étatiques et d'actions menées par des agents surhumains, voilà qui est intéressant.
Et de même que certains de ses compatriotes cinéastes dénoncent des mesures pratiquées sur le territoire intérieur, ou que d'autres confrères et consœurs étrangers vitupèrent l'interventionnisme occulte de leurs agences de renseignement (les Étasuniens avec le CIA, par exemple), Adler montre que l'intérêt d'une agence passe avant tout : qu'importe la préservation des civils, le nombre des victimes collatérales ou... la vie de ses agents. Qu'il y ait du cynisme dans le contre-espionnage, c'est de bonne guerre – si tant est qu'une guerre puisse être bonne ? En tout cas, avec cette histoire (inspirée, comme le veut la tradition, de faits authentiques), la réputation d'infaillibilité du Mossad en prend un coup...