Jour & Nuit 2019 : notre sélection d'artistes à ne pas manquer

Festival / Huitième édition pour le festival Jour & Nuit de l’association MixLab, qui se déploiera comme l’an passé pendant trois jours dans et autour de la Belle électrique (dont cette dernière est gestionnaire). L’occasion de faire le point, avec la subjectivité qui nous caractérise, sur les artistes à ne surtout pas manquer entre jeudi 5 et samedi 7 septembre. Par Stéphane Duchêne et Damien Grimbert

H-Burns

Bim ! À peine sorti au printemps dernier le Midlife d'H-Burns que déjà l'on dégainait le qualificatif trompe-la-mort : Midlife serait « le meilleur album » du sieur Renaud Brustlein, après Kids we own the summer (2017) et Night moves (2015). Soit l'affirmation est un tantinet marseillaise (la sardine, le Vieux-Port, tout ça), soit notre Drômois préféré continue sans relâche(ment) l'ascension qui lui fait office de carrière, comme on jogge mollement le dimanche matin à l'heure des croissants.

à lire aussi : Lumière sur Jour & Nuit

Il faut bien admettre que la vérité est sans doute proche de la deuxième hypothèse. Midlife, s'il évoque subliminalement une crise de la quarantaine, n'en est pas moins l'un de ces bijoux égarés entre pop et folk, mélancolie (Actress, Sister…) et bonheur braque (Crazy ones en tête) sur un terrain où les merveilles mélodiques poussent comme du chiendent. Du grand H.

Vendredi 6 septembre sur la grande scène


The Psychotic Monks

Pour se faire une idée de la liturgie pratiquée par les Psychotic Monks (from Saint-Ouen), il faut imaginer un groupe garage paumé au milieu de la poussiéreuse bibliothèque du Nom de la Rose. Où le poison ne serait pas fait d'encre mortelle mais d'un garage punk psychédélique qui serait à la fois le péché et son châtiment. Si bien que la messe ressemble ici quasiment à un rite satanique où les bons sentiments sont réduits en bouillie par un torrent de guitares en transe et des "mélodies" qui tiennent quasiment de la glossolalie musicale.

Petit à petit, au fil des morceaux, vous voilà réduits à frayer avec le démon, emmurés vivants par un invraisemblable mur de sons dont ne s'échapperont que les âmes les plus vertueuses. C'est-à-dire pas grand monde.

Vendredi 6 septembre sur la scène garage


Raphaël Top-Secret

C’est loin d’être le plus gros nom à l’affiche du festival cette année, mais c’est pourtant celui dont on ne raterait le DJ-set pour rien au monde. Digger hors pair adoubé par la figure house Hunee (qui a placé l’un de ses edits sur son excellente compilation Hunchin’ All Night), mais également des labels de référence comme Music From Memory, Antinote ou encore Macadam Mambo, Raphaël Top-Secret fait partie de ces DJs passionnés capables de vous faire danser aussi bien sur du boogie que du rap, du disco, de l’ambient, du reggae, des bangers synthétiques afro-caribéens, de la dance industrielle ou encore de la house de la fin des années 1980.

Une bonne nouvelle ne venant rarement seule, il sera succédé sur scène par la Japonaise Moko Shibata alias Powder, dont le set entre acid-house et italo-disco s’annonce également très prometteur.

Vendredi 6 septembre sur la scène extérieure


Aloïse Sauvage

Les plus physionomistes (tendance cinéphile) auront sûrement reconnu en Aloïse Sauvage l'une des activistes du succès 120 battements par minute. Et le projet musical de la jeune femme (qui a tâté aussi du cirque et de la danse) pourrait se voir comme une prolongation à notre époque de son personnage dans le film de Robin Campillo. Soit faire entendre la voix d'une génération et surtout d'une jeunesse qui aspire ataviquement à la liberté et tente de ne pas se laisser submerger par les désillusions avec une rage qu'on appellera élan vital.

Libre, la musique d'Aloïse Sauvage l'est car, comme les gens de son époque (les Flavien Berger et consorts), pour mieux secouer l'air du temps, la chanteuse balaie les genres : chanson, pop, hip-hop, homme, femme, homo, hétéro… Tout ça, c'est pour les Brexiteurs de la pensée. Dans ses genres, Aloïse Sauvage est plutôt trans-.

Samedi 7 septembre sur la grande scène


Mermonte

Après un premier album qui portait le nom du groupe, les Français de Mermonte ont livré deux disques, Audiorama (2014) et Mouvement (2018), dont les titres symbolisent parfaitement la geste créative d'une formation rennaise attachée au son (Audiorama était pensé pour le live) et la perpétuelle évolution. Car l'armada post-pop (si l'on peut qualifier ainsi une musique sophistiquée qui aspire pourtant à toucher le plus grand nombre) de Ghislain Fracapane n'a de cesse de faire évoluer sa matière musicale et convoque de plus en plus le chant – Laetitia Sadier de Stereolab et Dominique A sont les prestigieux invités du récent Mouvement sur des titres résolument respectueux de leurs univers respectifs.

Sur cet album justement, le folk côtoie le krautrock et l'indie rock la pop aérienne. Mais c'est sans doute sur scène que ces cousins (parfois) éthérés de la galaxie Constellation se muent en véritable machine de guerre.

Samedi 7 septembre sur la grande scène


Dopplereffekt

En activité depuis 1995, Dopplereffekt est sans doute l’une des entités les plus emblématiques de la scène électro de Détroit, mais aussi l’une de ses plus mystérieuses. Menée par Gerald Donald, moitié du mythique (et regretté) duo Drexciya, la formation, inspirée à part égale par Kraftwerk et l’électro-funk robotique du projet Cybotron de Juan Atkins, se garde en effet bien de divulguer la moindre information biographique, laissant parler pour elle son électro sèche, revêche et mélancolique, plus glaciale que l’Antarctique.

On vous renvoie donc par défaut à sa compilation culte Gesamtkunstwerk, parue en 1999, pour vous faire une meilleure idée de la claque qui vous attend samedi soir, dans le cadre d’une soirée au line-up par ailleurs assez irréprochable – Elena Colombi, Amato & Adriani Live, Dr Rubinstein…

Samedi 7 septembre dans la grande salle

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