De Ina Weisse (All.-Fr., 1h35) avec Nina Hoss, Simon Abkarian, Serafin Gilles Mishiev...
Au quotidien, Anna est l'incertitude faite femme. Mais tous au Conservatoire reconnaissent sa rigueur de professeure de violon. Alors, lorsqu'elle repère Alexander en audition, on lui laisse carte blanche. Se doute-elle que le préparer aux concours va chambouler jusqu'à sa vie familiale ?
En apparence cousu de fil blanc – ou plutôt de ce noir épais tissant l'étoffe des drames –, ce portrait d'une femme entre deux âges, entre deux hommes, entre deux vies et finalement entre deux enfants, captive par son habileté à déjouer les clichés. La réalisatrice allemande Ina Weisse ne s'abandonne jamais à la facilité, ni à une démonstrativité superflue : il suffit de quelques plans, d'une poignées de mots et de regards pour mesurer les relations troubles entre Anna et son père... et comprendre l'origine probable de son exigence disproportionnée comme de son instabilité.
Mais L'Audition est aussi un film sur le désir artistique maladif et la jalousie : accordant une attention toute maternelle à Alexander – avant d'être obsessionnelle –, Anna en néglige son propre fils Jonas, violoniste lui aussi. Un fils auquel, de surcroît, elle n'enseigne pas son art. La tension psychologique qui s'ensuit provoque des déflagrations inattendues et une tragédie dont la morale perverse et pour le coup, peu morale, plairait certainement à Haneke ! Sans doute le rôle le plus troublant de Nina Hoss et la confirmation que les maîtres(ses) de musique sont décidément des individus très inquiétants...