À cette lointaine époque où l’offre en longs-métrages d’animation se résumait grosso modo au Disney annuel, toute proposition alternative était la bienvenue. Car elle ouvrait sur des formes et des sujets inhabituels — voire franchement désinhibés comme chez Picha ou Bakshi —, pouvant attirer un public plus large que celui circonscrit aux seuls écoliers. Ce que ce superbe cycle du Ciné-club rappelle en trois films (rares pour certains) et autant d’approches esthétiques différentes, toutes au service de l’affranchissement et de la liberté.
Premier rendez-vous avec La Planète sauvage (1973) de René Laloux et Topor, où le style graphique de ce dernier et la technique du papier découpé habillent un conte futuriste dans lequel les hommes (pardon, les Oms) sont ravalés au rang d’animaux de compagnie de créatures démesurées bien plus évoluées. Jusqu’à une révolution… Plus qu’hier encore, il y a bien des leçons à tirer de cette fable relativisant la place de notre espèce dans la "pyramide écologique".
Vient ensuite ce pari insensé, consistant à raconter une histoire de fantasy avec des marionnettes, nommé Dark Crystal (1982), auquel on souscrit forcément grâce à ses deux réalisateurs : Jim "Muppet Show" Henson et Frank "Maître Yoda" Oz… Autant décrié qu’encensé à sa sortie, il ne fait plus débat aujourd’hui. Enfin, Chicken Run (2000) de Peter Lord & Nick Park, marquant l’avènement sur grand écran des créatures en plastiline issues des studios Aardman (hors Wallace et Gromit), reste irrésistible. L’ambiance agricole anticipe la série Shaun Le Mouton, et la dimension horrifique le Lapin-Garou. Trois valeurs sûres.
Anim'action mercredi 1er, 8 et 15 décembre à 20h au cinéma Juliet-Berto, Grenoble