Si l'Afrique m'était contée

Onze jours durant, l'agglo revêt ses habits de conte grâce au festival des Arts du récit. Qui, quoi, comment, où et avec qui : on vous dit tout, là, tout de suite, maintenant. Aurélien Martinez


Il était une fois un festival qui s'était donné pour mission d'aller porter la bonne parole dans l'agglomération et tout le département. Pas une parole moralisatrice ou source de conflits stériles, non, mais celle des artistes, des hommes et des femmes de lettres, avec la volonté chevillée au corps de la transmettre au plus grand nombre, petits et grands, ici dans la ville, là dans le village, en la déclamant, l'interprétant, la récitant… : intentions louables et généreuses qui font le succès et la solide implantation des Arts du récit dans le paysage culturel local. Porté par le Centre des arts du récit en Isère, qui effectue un travail considérable tout au long de l'année (voir interview ci-contre), le festival né en 1986 suite à l'initiative coordonnée de bibliothécaires et de MJC est le temps fort de cette recherche constante du « partage » selon son directeur Henri Touati. Onze jours durant se succéderont ainsi spectacles, lectures, récitations et autres scènes slam... Mais cette année, l'équipe du festival a décidé de s'intéresser plus particulièrement aux conteurs d'Afrique de l'Ouest, comme une sorte de fil rouge de la manifestation : que disent ces artistes d'aujourd'hui, comment portent-ils les mots, quels sont leurs liens avec la tradition ? « Jusqu'à maintenant, on avait des conteurs africains qui étaient plus dans la transmission de la tradition. Maintenant, on travaille plutôt avec des artistes qui se nourrissent de la tradition pour en faire quelque chose de nouveau : parler du pouvoir, de la violence, du développement, des enfants soldats, de l'immigration… » Pendant toute la durée du festival, des hommes et des femmes issus d'une dizaine de pays différents (Burkina Faso, Congo, Sénégal…) donneront des récitals de contes à Grenoble et dans les quelque soixante communes partenaires de la manifestations, et dans des lieux accessibles à tous : bibliothèques, MJC, écoles…Voyage avec les mots
Deux temps forts à retenir parmi ce flot continu de récits : la soirée d'ouverture du festival d'abord, mardi 12 à l'Espace Aragon (Villard-Bonnot), baptisée « Impressions d'Afrique ». Loin de tout exotisme folklorique, il s'agira d'évoquer la richesse poétique de ces artistes, et de montrer leurs différentes approches du conte selon leur pays d'origine. Pour le spectacle de clôture ensuite (le samedi 23 à la salle Edmond Vigne de Fontaine), l'Ivoirien Adama Adépoju alias Taxi-Conteur portera sur du jazz les mots d'Emmanuel Dongala, écrivain congolais symbolisant le renouveau de la littérature africaine. Un programme riche et fourni donc, élaboré autour d'un continent encore méconnu et source de jugements hâtifs en tout genre. Mais ce parcours vers l'Afrique de l'Ouest ne sera qu'un des thèmes du festival (même si c'est de loin le plus important). Ainsi, trois créations verront le jour ici et là, dont celle très attendue de Jennifer Anderson de la compagnie Ithéré. Petits arrangement avec la vie, du nom du spectacle joué le vendredi 15 à l'Heure Bleue, symbolise « la rencontre entre une écriture littéraire et une écriture orale » explique la compagnie, qui a collecté différents récits de Français et d'Américains, pour coller à l'univers de l'écrivain Paul Auster. Ce sera le dernier temps de ce projet dont on avait précédemment pu découvrir des étapes de travail au Théâtre de Création ou à l'Heure Bleue ; et autant dire que l'on attend avec impatience de voir le rendu. Ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres des nombreux spectacles donnés pendant le festival, dont la présentation exhaustive nécessiterait un Petit Bulletin complet. Alors plutôt que de lister bêtement tout ce qu'il y a voir, on vous laissera vous fier à votre instinct pour parcourir à votre guise les dédales de ce parcours littéraire, en espérant que vous y fassiez de belles rencontres. Bon voyage au pays des mots.LES ARTS DU RÉCITS
Du 12 au 23 mai, dans divers lieux de l'agglomération. Programme complet sur www.artsdurecit.com


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« Le festival est le haut de l’iceberg »