"La Morsure de l'Âne" par Émilie Le Roux : « Ce texte nous a attendus »

La nouvelle création de la compagnie Les Veilleurs, mise en scène par la Grenobloise Emilie Le Roux, aborde le sujet de la vie et la mort. Pensée aussi bien pour les enfants que pour leurs parents, La Morsure de l'Âne, issue d'un texte de Nathalie Papin, sera jouée du 30 novembre au 4 décembre à la MC2 de Grenoble.


« Vivez, mourez, mais choisissez enfin ! » Tout au long du spectacle, accompagné d’un âne malicieux, Paco oscille entre pulsions de vie et de mort, visité par des créatures, des personnages, des membres de sa famille, dans un univers onirique. Que faire ?

Emilie Le Roux s’attaque, avec la compagnie Les Veilleurs, à un thème aussi difficile qu’universel : la mort, et comment on vit avec la conscience de cette inéluctable fin. Après Le Pays de Rien, c’est une nouvelle fois un texte de Nathalie Papin qui est mis en scène, coproduit par la MC2, en partenariat avec l’Espace 600. « C’est sûrement le seul texte de Nathalie Papin qui n’a pas été monté ! On doit le faire depuis 12 ou 13 ans ; on attendait que ce soit le moment, que la compagnie soit capable de porter le projet. Ce texte nous a attendus », commente Emilie Le Roux. Sujet ardu, mais abordé avec l’intelligence et la finesse que l’on connaît à Nathalie Papin, et « beaucoup de malice. Ce ne sont pas des blagues, mais une forme d’humour qui permet de prendre de la distance. Son écriture est très concise, sans bavardage ; cela peut paraître simple au premier abord, mais si l’on s’y penche, dès qu’on prononce une phrase, son sens s’ouvre sous nos pieds. C’est une pièce très exigeante, derrière une apparente simplicité. »

Dans le cadre de son cycle "Ce qui nous rend vivant", la Cie les Veilleurs est partie de ce constat : « Ce qui nous réunit tous, c’est qu’on a la mort à la clé. On est sur une question existentielle. Par le passé, nous avons souvent été rattrapés par l’actualité ; on a monté un spectacle sur le genre juste avant les Manifs pour tous, par exemple. Là, c’est une pandémie… ça colore la pièce, ça ne la limite pas du tout. » Créée en 2020, La Morsure de l’Âne était programmée il y a tout juste un an à la MC2 pour sa première. « Le confinement est tombé quatre jours avant la première. Un moment compliqué pour toute l’équipe. » Depuis, elle a été jouée devant des professionnels l’an dernier, et il y a quelques jours à Cavaillon face à une "vrai" public. Emilie Le Roux avait déjà été confortée de la pertinence du texte à la suite de lecture effectuées auprès de scolaires, à Nanterre, l’année dernière. « Ils nous ont fait de sacrées analyses, on s’est dit : "ouahou, on a raison de faire ce texte" ! »

Estampillée jeune public, La Morsure de l’Âne est plus large que cela et parlera tant aux enfants (dès 10 ans) qu’à leurs parents. « On sent que les enfants ont envie d’envahir ce terrain ; les adultes aussi, avec leur propre rapport à la mort. On tient beaucoup aux représentations devant les scolaires ; c’est intéressant car c’est le seul lieu sans consensus politique, c’est-à-dire que tout le monde n’est pas convaincu dans la salle. Emmener son enfant en semaine, un soir, voir un spectacle sur le thème de la mort, c’est déjà quelque chose d’engagé. Les enfants interprètent différemment des adultes, et sont très exigeants. C’est passionnant de voir ce qu’ils font de la pièce. »

La Morsure de l’Âne le 30 nov à 19h, le 1er déc à 10h et 19h, le 2 et le 3 déc à 14h30 et 19h, le 4 déc à 17h à la MC2


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