Va-et-vient…

Le monde tourne en rond et sur lui-même. Quant à nous, nous hésitons entre l'arbre et la pirogue, laquelle nous permet de voguer vers un autre arbre voire, mieux, au cinéma voir des films parlant ou montrant des allers-retours…


Qu’est-ce que ça bouge sur les écrans ! Espérons toutefois conserver un peu de stabilité pour les films, certains sortant à la vitesse d’un service des sœurs Williams (207 km/h). Celles-ci sont justement au cœur de La Méthode Williams, biopic autorisé de Reinaldo Marcus Green (01/12) dans lequel Will Smith incarne leur père et coach Richard, promoteur d’une méthode destinée à faire dès le berceau de ses filles des championnes. La nécessité de créer des role models aux États-Unis, alliée au politiquement correct, abrasent les rugosités du personnage. Certes, il apparaît déterminé et doué d’une formidable vista, mais ses zones d’ombre avérées sont soit à peine évoquées, soit “arrangées” en extravagances de caractère. Dommage, car en instillant ces nuances dans le rôle, il y aurait eu davantage d’enjeu pour Will Smith. Et plus d’intérêt à coller à la vérité.

Autre relation parent-enfant forte faite de valses-hésitations, celle de Lingui, les liens sacrés de Mahamat-Saleh Haroun (8/12), où une mère tchadienne célibataire doit, contre ses convictions et la loi, aider son adolescente de fille à avorter. Elle ira même bien au-delà dans ce combat illustrant la situation des femmes : toujours en légitime défense face à l’emprise masculine. Net et sans bavure.

Partir, revenir… et repartir

Revenons en Europe… pour en repartir avec Animal (01/12) dans lequel Cyril Dion promène autour du monde deux ados militants de l’environnement à la rencontre de scientifiques, agriculteurs, éleveurs, politiques, etc. afin d’illustrer leurs craintes et colères, et démontrer globalement la co-dépendance de l’Homme en tant qu’animal dans un “grand tout”… À ranger dans la collection des documentaires concernants-mais-emplis-de-bonnes-ondes dont la surproduction actuelle mériterait une compensation carbone.

On lui préférera à la même date le burlesque et virevoltant La Pièce rapportée du Grenoblois Antonin Peretjatko, tourné à Lyon, où un fils de famille benêt épouse une guichetière du métro, au grand dam de sa douairière de mère qui manigance pour faire capoter l’union. La belle s’ennuyant, elle musarde ici et là… Une comédie dans la lignée de Pierre Etaix, avec un supplément politique très appréciable.

On conclura en Asie et dans le passé avec l’étonnant Les Amants sacrifiés (08/12). Derrière la promesse romanesque de ce titre désuet se dissimule une histoire risquant de déconcerter celles et ceux qui prisent la bizarrerie chez Kiyoshi Kurosawa : le cinéaste s’inspire ici en effet du drame d’un couple de Japonais durant la Seconde Guerre mondiale, ayant cherché à dénoncer auprès de l’Occident les crimes de son pays. Amour, amitiés, confiance, trahison, tortures, rebondissements sont magnifiés dans ce mélo d’espionnage raffiné. Il faut toujours finir en beauté…


<< article précédent
Double dose d’amour sur grand écran