L'Orphelinat

Le premier film de Juan Antonio Bayona, jeune cinéaste venu du clip, condense toutes les trouvailles du nouveau cinéma fantastique espagnol dans un néo-classicisme extrêmement brillant mais tout de même un peu vain. Christophe Chabert

Impossible de parler de L’Orphelinat sans évoquer son fulgurant succès public en Espagne : imaginez chez nous un film fantastique français trustant les hauteurs du box-office pendant de longues semaines, puis se retrouvant nommé dans toutes les catégories aux César ? Ce prodige-là est bien sûr le fruit d’une véritable culture du cinéma de genre local auprès des spectateurs, mais aussi du culot des producteurs et des distributeurs, associé au talent d’un jeune cinéaste de 32 ans qui, pour sa première œuvre, démontre une étourdissante maîtrise de la mise en scène.

Certes. Mais L’Orphelinat est aussi la synthèse brillante et un peu facile de dix années de recherche où des cinéastes singuliers se sont réappropriés les codes du cinéma fantastique pour leur donner une nouvelle jeunesse. Cette relecture en forme de best of, Bayona prend soin de l’adresser, in fine, au plus large public, gommant le pessimisme qui règne en général dans le fantastique espagnol (mais on ne racontera pas la fin !).

Histoire de fantômes espagnols

Il y a donc une mère et son fils dans une maison hantée, comme dans Les Autres ; des enfants fantômes qui communiquent avec des jeux effrayants comme dans Fragile ; et une quête d’identité par un retour aux blessures de l’enfance comme dans Abandonnée.
Chacun de ses emprunts a droit tout de même à une touche personnelle ajoutée par Bayona : le fantastique à la Henry James est débarrassé de ses oripeaux gothiques ; la cagoule qui recouvre le visage difforme du gosse inquiétant est une formidable trouvaille visuelle ; et la dernière partie, où la mère recrée l’environnement de son passé, donne lieu à une séquence mémorable, un long plan séquence rythmé par des «Un, des, trois, soleil» plus terrifiants que ludiques.

Porté par une direction artistique irréprochable qui confère à la moindre poignée de porte une dimension fantastique, soigneusement dosé entre des scènes chocs et d’autres plus «émouvantes», L’Orphelinat est loin d’être un film négligeable. Ou, en d’autres termes, un petit hors-d’œuvre avant les plats de résistance que seront Crimes à Oxford et Rec !

L’Orphelinat, de Juan Antonio Bayona (Espagne, 1h47) avec Belen Rueda, Fernando Cayo…

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