La Merditude des choses

De Felix Van Groeningen (Belgique, 1h48) avec Kenneth Vanbaeden, Koen De Graeve…

A Trouduc-les-Oyes vivent les Strobbe, une drôle de famille qui ne connaît de raffinement que dans les injonctions alcoolisées entre ses membres : quatre gros balourds dépravés en échec sentimental et sexuel perpétuel, contraints de retourner vivre chez leur mère, sorte de Pieta moderne, le Christ en moins mais la dégaine en plus. L’un d’eux, "Cel", a ramené dans ses bagages Gunther, son fils de treize ans perdu entre un attachement naturel pour son père et une volonté constante de sortir de cette "merditude" ambiante faite de concours de bières et de vomis de fin de soirée.

Filmé caméra à l’épaule, le troisième long-métrage du Flamand Felix Van Groeningen se trouve à la croisée entre un reportage ethnologique de l’émission Strip-tease (une référence assumée) et un sketch des Deschiens. Car comme dans les deux cas précités, jamais le réalisateur ne fait preuve de condescendance ou de moralisme face à des personnages qu’il a pris soin de rendre attachants aux yeux du spectateur (notamment la grand-mère, seule femme dans ce monde ultra-testostéroné).

En construisant ainsi son récit autour d’allers-retours permanents entre l’enfance de Gunther et son présent de jeune père écrivain (c’est lui qui nous narre cette histoire), le réalisateur s’efforce d’élaborer un monde le plus réaliste possible, limite répugnant, avec tout un travail autour de la lumière, des décors et des costumes baroques à souhait. La Merditude des choses devient alors une œuvre surprenante, attachante, outrancière, parfois très drôle, qui a de la gueule, même si elle laisse un arrière-goût d’inachevé dans la construction d’un récit syncopé.


Aurélien Martinez

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