Un amour de jeunesse

De Mia Hansen-Løve (Fr, 1h50) avec Lola Creton, Sebastian Urzendowsky…

Déception. Après son très beau Le Père de mes enfants, Mia Hansen-Løve retombe dans les travers de son premier film, Tout est pardonné, avec Un amour de jeunesse. Racontant à l’aide de grandes ellipses et sur deux époques l’amour de Camille, jeune fille de 16 ans aux idéaux romantiques mais à la conduite rigide, pour Sullivan, garçon bohème et fantasque, qui la quitte puis qu’elle retrouve huit ans plus tard alors qu’elle s’est entre temps installée avec un architecte plus âgé, le film fuit sans arrêt le romanesque et les sentiments, préférant les intentions théoriques et les allusions démonstratives. La première partie est de toute façon plombée par le choix de son comédien, Sebastian Urzendowsky, dont la diction insupportable et geignarde rend impossible toute identification à la cristallisation de Camille. Mais la deuxième n’est pas forcément mieux, car s’y développe un discours très bizarre, où la «maison» est préférée à «l’art», le confort bourgeois à l’aventure romantique. Mia Hansen-Løve, avec une certaine cohérence, choisit d’inscrire sa mise en scène dans un académisme post-Truffaut, alors que les meilleures séquences sont celles où, à l’inverse, elle ose un montage symphonique et impressionniste synchrone avec les élans de son personnage. Les creux du récit, la fausse pudeur (le film reste timoré dans sa représentation de la sexualité), les torrents dialogués : tout cela relève d’un cinéma fier d’être français qui confond naïvement autobiographie et autarcie. Christophe Chabert

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