Flamme & co

Et si vous commenciez votre année 2011 avec une grosse mandale chorégraphique et musicale ? Pour honorer cette bonne résolution, rien de plus simple : foncez voir La edad de oro, spectacle porté par un Israel Galvan au sommet de son art. FC

"La edad de oro", ou “L’âge d’or“. Soit une formule fleurant bon la nostalgie passéiste, le “c’était mieux avant“ sacralisé ; mais c’est aussi, et il ne faut surtout pas l’oublier, un manifeste surréaliste réalisé par Luis Bunuel en 1930, une refonte fondamentale des codes et de la grammaire cinématographique au service d’un récit profondément frondeur pour l’époque. La démarche du spectaculaire danseur (et par ailleurs cinéphile hardcore) Israel Galvan, dans ce spectacle, se situe à mi-chemin des deux acceptions : le but est de s’emparer de la matière flamenco, qu’il a déjà vertement rudoyée dans des pièces comme Arena (présentée il y a deux ans à la MC2) ou El final de este estado de cosas, Redux, extrapolation furieuse sur l’Apocalypse. S’en emparer et lui redonner le lustre de sa vision à la fois novatrice et respectueuse dans son exécution. S’en emparer pour la mettre à nu, dans une création où les talents hors normes des interprètes sont les seuls et uniques effets spéciaux.Piétinements de clichés
De fait, lorsque les spectateurs entrent dans la salle, la nudité de l’espace de jeu n’est entamée que par la présence, assez discrète (forcément), de trois chaises posées en plein milieu ; en termes de scénographie, difficile de faire plus austère. Les trois interprètes démarrent le spectacle sur une ligne à ce point classique qu’on regrette d’avoir fait le déplacement, bêtement enferré dans nos a priori. On craint de se fader un flamenco poussiéreux, enrobé d’une louche de touche “contemporaine“ qui ne se traduirait que par le dénuement de la mise en scène. Cette illusion persiste pendant quelques petites minutes, avant de s’effondrer dès qu’Israel Galvan laisse exprimer ses talents d’interprète incroyable. Il revisite les grandes figures du genre avec brio, fait montre d’une maitrise insolente, se permet des écarts dont l’arrogance devient superbe quand elle conquit les faveurs d’un public de plus en plus hystérique. Plus humble que sa virtuosité chorégraphique ne le laisse supposer, Israel Galvan laisse régulièrement ses deux compères, David Lagos au chant et Alfredo Lagos à la guitare, briller de leurs talents tout aussi appréciables. Loin de se cantonner à une simple démonstration de force, qui serait déjà en elle-même convaincante, La edad de oro est en outre un plaidoyer pour la réappropriation des formes, leur sublimation par des artistes à ce point pénétrés par leur art qu’ils emportent tout sur leur passage. La edad de oro
Mercredi 26 et jeudi 27 janvier, au Grand Théâtre de la MC2

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