- Pourquoi Angot ?

- Parce que c’est une déflagration. L’auteur de Pourquoi le Brésil ?, parfois insupportable sur les plateaux télé, trop habituée aux pages people des magazines et souvent d'une impudeur agaçante dans ses écrits, vient de signer un livre indispensable – et c’est la seule chose que l’on demande à un écrivain - pour peu que le lecteur accepte de plonger en enfer. Une semaine de vacances se lit d’une traite, la nausée grandissante et la sidération constante de voir ce qu’un écrivain peut faire avec seulement des mots alignés. Pas de chapitre et pas de paragraphe pour dire la domination d’un homme sur une femme.

Ceux qui ont lu Angot depuis 1999 connaissent d’ores et déjà le sujet. Pour les autres, mieux vaut ne rien savoir et se laisser embarquer car tout est plus subtil qu’il n’y parait. L’écrivain a enfin abandonné le «je» pour se placer au même niveau que ses lecteurs et ainsi les impliquer totalement, sans une omniscience inutile et néfaste : elle observe, comme nous observons, le pouvoir d’un sujet éduqué, maîtrisant le langage et le corps, sur une autre, devenue objet, sans parole et donc sans défense.

La description des actes est clinique, répétitive, lancinante, assassine. Mais les actes eux-mêmes ne sont jamais nommés. À nous de les signifier. Angot dit avoir voulu montrer ce que c’était que de mourir alors que bien souvent on connait le ressenti inverse : celui, par exemple, des guerriers à qui on demande ce que ça fait de tuer. En adoptant un point de vue rare, en se dissociant de sa protagoniste, elle laisse une place même aux plus récalcitrants à son œuvre et signe là un court roman absolument indélébile.

Christine Angot lit "Une semaine de vacances"
Aux Subsistances, samedi 24 novembre à 20h

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