Les sorties littéraires de la rentrée
Sélection / Il en faudrait des pages pour évoquer toutes les belles surprises à découvrir en ce mois de septembre. Il a cependant fallu choisir : voici six ouvrages variés et chaudement recommandés par la rédaction.
Photo : En attendant les barbares d'Olivier Tallec aux éditions l'École des loisirs
En attendant les barbares - Olivier Tallec
Jeunesse / « On dit que les barbares arrivent aujourd'hui. Qui ? Les affreux barbares » : l'album du prolifique auteur-illustrateur jeunesse Olivier Tallec aborde avec drôlerie, subtilité la nappe anxiogène qui recouvre le monde : celle qui nous incite à craindre la catastrophe ou la guerre imminente. De l'imagerie - une ville protégée par d'immenses remparts, au-delà desquels s'étend une mystérieuse immensité qui n'a pas été anthropisée - à l'absurdité de l'attente, tournée en dérision par les fables que se racontent les petits soldats ; tout rappelle au chef-d'œuvre de Dino Buzzati, Le désert des Tartares. Un bel ouvrage et un moyen poétique d'évoquer la vacuité de certains discours alarmistes avec de jeunes âmes poreuses à ce qui les entoure.
Parution le 17 septembre 2025 aux éditions l'École des loisirs ; 16€
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Ils appellent ça l'amour - Chloé Delaume
Roman / Certains territoires sont viciés par les traumatismes. C'est à la faveur d'un week-end entre amies que Clotilde remet les pieds dans sa propre géographie de l'horreur, celle qu'elle avait « escamotée » de son récit personnel. Une histoire d'emprise, de soumission et de violence dans l'intimité d'un couple. Racontée par bribes, restituée comme une mémoire réminiscente, la cruauté et les mécanismes de silenciation sont montrés sans devoir être explicités, rappelant à la fois la banalité du mal et ses conséquences dévastatrices. Cela, en restant fidèle à la démarche poétique et formelle expérimentale de son autrice. Pareil à un élastique, le rythme de son récit s'allonge, presque paresseusement, avant de claquer à plusieurs reprises.
Parution le 22 août 2025 aux éditions du Seuil ; 19€
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La semaine où je ne suis pas morte - Vincent Zabus et Sarah del Giudice
Ado / Comment entrer en résonance avec le mal-être adolescent, les pulsions morbides, le sentiment de décalage ? La bande dessinée de Vincent Zabus et Sarah del Giudice n'est pas très gaie, mais elle n'est pas dénuée d'espoir, de réflexions cathartiques sur cette étrange période, à cheval entre l'enfance et l'âge adulte. La créative petite héroïne continue d'alimenter un grouillant imaginaire fantastique, tandis que de nouvelles préoccupations sourdent dans son quotidien : amour, désir, besoin d'intimité, d'évasion, mais aussi d'acceptation des autres. Un ouvrage qui ne craint pas de prendre au sérieux ses lectrices et lecteurs, sans les infantiliser, à un âge où elles et ils ne demandent que ça.
Parution le 12 septembre 2025 aux éditions Dargaud ; 22, 95€
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Toutes les vies - Rebeka Warrior
Autofiction / « Je passe ma main dans tes cheveux, je crois que c'est la dernière fois. Et c'est toujours un peu dangereux de s'attacher à qui que ce soit ». Retour de bâton est probablement l'un des morceaux les plus émouvants de Sexy sushi, duo culte d'electroclash français qui s'est séparé en 2013. La moitié de ce duo, Rebeka Warrior, a composé ce morceau en ode à la femme qu'elle a aimée passionnément pendant huit ans, avant d'apprendre qu'elle était atteinte d'un cancer. Le crabe a fini par l'emporter après une lente agonie, faite de rendez-vous médicaux cryptiques, d'opérations barbares et de traitements douloureux. Son ouvrage, rédigé sous forme de journal, offre un témoignage sincère de son parcours, n'épargnant pas ses lectrices et lecteurs de la violence de la maladie, de son épuisement d'aidante, ainsi que de l'empoissante nappe de souffrance qui s'est abattue sur son existence.
Parution le 20 août 2025 aux éditions Stock ; 20, 90€
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Le parlement de l'eau - Wendy Delorme
Roman / Rencontrée par Le Petit Bulletin en mai 2024 pour Le Chant de la rivière, l'entretien avec Wendy Delorme était intitulé L'eau, l'amour et la révolte. Des mots qui correspondent aussi bien à ce précédent ouvrage qu'au nouveau, un beau bébé de 480 pages rédigé comme une fable, dans lequel on retrouve quelques éléments des précédents écrits de son autrice. On pense par exemple à la place primordiale de la nature, qui parle à nouveau pour elle-même, du changement climatique mais aussi du péril fasciste. Les ruisseaux, les crues, les rivières et les fleuves interviennent comme autant de personnages hauts en couleur qui questionnent notre pouvoir d'agir, ainsi que les multiples liens solidaires et sorores qu'on ignore, ou qu'on ne sait pas assez bien observer.
Parution le 30 septembre 2025 aux éditions Cambourakis ; 23, 50€
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Apocalypse nerds - Nastasia Hadjaji et Olivier Tesquet
Essai / Sous-titré Comment les techno-fascistes ont pris le pouvoir, l'essai très documenté, parfois même un peu trop érudit (on vous conseille de sauter le prologue), dresse un portrait effroyablement détaillé du basculement idéologique - évidemment suivi d'actions - de bon nombre de géants de la tech. Elon Musk évidemment, mais pas que. L'ouvrage cite Peter Thiel, Sam Altman, Nick Land, David Sacks jusqu'à notre très français Pierre-Edouard Stérin : des milliardaires qui œuvrent, concrètement et sans trop se cacher, à la fin des démocraties libérales pour faire advenir une nouvelle ère, tantôt transhumaniste et extropianiste, tantôt s'approchant d'une forme de monarchisme. Particulièrement pertinent par les temps qui courent.
Parution le 19 septembre 2025 aux éditions Divergences ; 17€
