William KleinArte Vidéo
Ils ont donc été jeunes ! McEnroe, Lendl et même Ice Borg avec une gueule d'ange de Suédois qu'on ne soupçonnait pas sous son éternel bandeau. Les shorts sont courts, les corps gringalets, mais la science du jeu est là. Nous sommes à Roland Garros en 1981. La France vient de basculer à gauche, mais la planète-tennis s'en fiche. Le centre des préoccupations est le ciel qui arrose régulièrement cette quinzaine ocre. William Klein filme les premiers échauffements, les inquiétudes de Jean-Paul Loth, alors directeur technique national face à l'entorse de l'enfant prodige Noah. La caméra est partout et surtout là où elle ne pourrait plus aller aujourd'hui sauf dérogation spéciale mise en scène par France Télévision : dans les vestiaires, en salle de massage, dans les tribunes où l'on croise Lino Ventura. Les conférences de presse, souvent trop lisses, sont absentes. Les machines à écrire crépitent, les journalistes dictant leurs articles par téléphone tentent de couvrir la voix de leurs collègues. Borg va s'emparer de son 6e et dernier Roland Garros, le 4e consécutif en effleurant magistralement les lignes de ses passings croisés et décroisés. Il est toujours une star, les fans s'égosillent «on a gagné» comme au foot et font dans le «Monsieur Borg» pour avoir un autographe. William Klein en dit long sur le champion en faisant court : il résume les premiers tours du tennisman par les simples énoncés du score, des matchs en trois sets secs qui s'enchaînent pour celui dont les jambes n'étaient pas aussi grosses que les avant-bras de Nadal