Envoyez le bois

Envoyez le bois

Festival / Dans la verdure du Parc de Miribel, le festival Woodstower fête sa 13e édition avec une programmation tout en verdeur qui réserve quelques surprises bien mûres. Stéphane Duchêne

Festival écolo-rock, cultivant l'esprit familial, le festival Woodstower s'est toujours complu avec plaisir dans une certaine imagerie de la verdure. Jusqu'à cultiver ses propres légumes et jusque dans ses affiches, petits bijoux de détournements iconiques de pochettes de disques célèbres. Cette année, ce sont les Beatles d'"Abbey Road" qui vont au bois, traversant un passage (non clouté) de rondins, une hache (la mascotte de Woodstower) à la main d'Harrison. Le tout sur fond vert bien sûr. Mais la verdure, aussi bucolique soit-elle, n'empêche pas la verdeur. Celle d'une programmation que le festival veut de plus en plus pointue et remuante, parfois acide comme la pomme verte. Et cela vaut pour un tableau général et plutôt élargi qui s'étend de la chanson française de Brigitte, cet étonnant duo de foldingues hippies-chic récemment monté sur scène avec Joey Starr, aux murs (mûres?) du son régulièrement enfoncés par les guitares en rase-mottes des Black Angels. La seule présence de ces Texans suffira sans doute à provoquer prématurément l'alopécie automnale des arbres du Parc de Miribel. D'autant qu'il leur faudra également subir les assauts sonores d'Etienne de Crécy, l'un des premiers apôtres historiques de la French Touch (ce Parnasse de l'électro), trônant dans une installation monumentale en forme de cube pour balancer des beats et des images sur tout ce qui bouge.

Messie Messin
Sans parler de la plume acerbe et du timbre râpé de Gaëtan Roussel, de la présence de quelques fanfares (Les Krapos) et autres fanfarons (le fier serbe Goran Bregovic, Quelques Fiers Mongols) et de révélations dont on devrait reparler (Calin Canin, Nekochan). Et comme si ça ne suffisait pas, Woodstower a annoncé sur le tard la présence d'autres agités du bocal : à commencer par l'anglais Miles Kane, ex-Rascals et co-Last Shadow Puppet, trop heureux d'accéder enfin à la reconnaissance solo avec son rock cockney (plein de «aaaah et de ooooh»), sa coupe de douille gros calibre et son titre officieux de sosie approximatif de Paul Weller. On en connaît un («Piteux» Doherty) qui ferait bien de surveiller son trône. Autre surprise Nasser, trio non pas égyptien mais marseillais, qui pourrait bien envoyer plus de bois qu'une armée de castors cette année à Woodstower, aux commandes d'un électro rock aussi rongeur que ravageur. Pour les plus sensibles, le port du casque sera donc sans doute de rigueur. Or, sensible et casqué, c'est ce qui définit, à notre sens, l'un des clous du week-end : l'épatant et planant Cascadeur, trentenaire messin à la voix de messie qui a époustouflé son monde cette année avec sa pop orbitale et son album "Human Octopus". Lui fera sans doute refleurir les arbres de Miribel et reverdir une pelouse un rien piétinée par l'enthousiasme le temps d'«un week-end au parc».

Woodstower
Au parc de Miribel Jonage Vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 septembre

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