Musée Lugdunum : Joue-la comme Aristophane-Zidane

Spectaculaire ! Le divertissement chez les Romains

Lugdunum

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Histoire / Faire du marketing avec les stars les plus populaires, les Romains y avaient déjà pensé, dans toute la Gaule mais aussi à Lyon, une des rares cités avec Rome à posséder un théâtre, un amphithéâtre, un cirque et un odéon. Dans un parcours passionnant, le Musée Lugdunum fait le tour de ces questions.

Petite rectification d’un abus de langage pour commencer. On n’a pas cours en « amphi » quand on est à la fac. Et les amphithéâtres (des Nuits) de Fourvière n’en sont pas. C’est bien d'un théâtre dont il s’agit (édifié en – 20 avant notre ère) et d’un odéon (200 ans plus tard).

S’ajoutent dans cette cité de Lugdunum crée en – 43, un véritable amphithéâtre (en 19) et un cirque (en 100), équivalent de nos hippodromes actuels. Ce cirque, comme la soixantaine recensée dans le monde, était plus compliqué à conserver car ils sont bien souvent construits dans du sable. Il était situé juste derrière le site de Fourvière. L’amphithéâtre était conçu pour que l’on voit de tout côté, une véritable arène fermée qui accueillait notamment les combats de gladiateurs. Il en reste ici des traces au pied des pentes croix-roussiennes, celui dit des 3 Gaules.

En contre fort du musée, il s’agit donc d’un véritable théâtre doté d’un mur de scène tel qu’il n’en reste plus qu’à Orange en France. Quasiment aussi grand que celui de Vienne, il pouvait accueillir 10 000 spectateurs (12 000 à Vienne) pour 4000 aujourd’hui (et 8000 dans le Nord Isère). Enfin, l’odéon était recouvert d’un toit, et destiné spécifiquement à la musique. C’étaient les monuments qui quadrillaient la ville comme aujourd’hui elle se reconnait (et s’iconise) par le toit Jean Nouvel de l’Opéra ou encore le stade de football à Décines.

Théâtre, amphithéâtre, cirque

Car c’est bien tout l’enjeu de cette exposition : relier passé et présent. Ainsi dans des vitrines, sont juxtaposés la façon dont les événements étaient sponsorisés. Sur le maillot de l’OL, c’est « Emirates Fly Better » qui apparait en plus gros et une inscription sur plaque de pierre du 1er siècle de notre ère retrouvée près de l’amphi des 3 Gaules mentionne le nom d’un donateur – le terme "mécène" venant de Caius Maecenas, homme politique romain ayant consacré sa fortune à promouvoir les artistes. Plus loin, ce sont les gestes des supporters qui sont affichés : une écharpe en faveur du Onze tricolore de football et un vase en terre cuite mentionnant en latin « Chance ! C’est les Bleus ! » ou même, concernant le marketing, des canettes de Coca-Cola avec les têtes de Pogba et consorts sont mis en regard d’un autre vase où figure un gladiateur connu à l’époque. Aussi ludique qu’instructif.

Excepté des vidéos interactives où l’on peut poser des questions (pré-programmées) à des artistes-sportifs de l’époque incarnés par des acteurs, l’expo ne cède pas à la facilité. Au contraire, elle regorge d’informations et notamment, en introduction, cette donnée : le nombre de spectacles annuels n’a cessé d’augmenter pour célébrer empereurs et dieux : 29 au IIe siècle avant JC, jusqu’à 175, 600 ans plus tard. Et autant de jours fériés ! Comme pour les grands messes sportives ou artistiques, l’objectif était de réunir et d’intégrer les différents types de population de l’Empire selon une hiérarchie tout de même très stricte où, pour les plus gradés, il faut être vu : les femmes tout en haut sous le portique, puis, en descendant vers la scène ou l’arène, les esclaves, les citoyens et hommes libres (la majorité des troupes), les chevaliers (fortunés et puissants), les magistrats et l’empereur. Toute similitude avec la place occupée par les VIP aujourd’hui n’est évidemment pas fortuite.

Gladiateur et acteur

À l’aide de films dessinés (trop courts), il est possible de voir ces lieux en configuration active et des reconstitutions de courses de char rendent comptent de la violence et de la technicité de l’exercice qui se lit aussi sur un superbe bas-relief, peut-être un fragment de sarcophage, retrouvé gare Saint-Paul et montrant notamment un personnage recroquevillé sous la cavalcade d’un cheval. Par ailleurs, le monde très stratifié des gladiateurs est détaillé. Où l’on apprend qu’ils étaient beaucoup moins lourdement équipés que Ben Hur.

Enfin, pour établir le parallèle avec notre époque jusqu’au bout, il est possible d’écouter l’analyse du jeune metteur en scène talentueux qu’est Tommy Milliot concernant son travail récent sur Médée, juste après avoir pu comprendre les codes ancestraux de tragédie, la comédie, et la pantomime.

Parmi les dernières images, celle toujours émouvante des fouilles entreprises, dès 1934, à quelques centimètres du musée, sur le site de Fourvière, à l’initiative d’Edouard Herriot et le même lieu recouvert de verdure l’année d’avant ! À l’occasion de cette expo, des panneaux pérennes ont été installés à l’extérieur pour retracer à grands traits ce passé romain.

Spectaculaire ! Le divertissement chez les Romains
Au Musée Lugdunum jusqu’au 11 juin

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