Au Sucre, un Marathon dédié aux musiques répétitives

Pantha du Prince + John Talabot + Cabaret Contemporain

Le Sucre

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Musiques répétitives / Six heures d’union des musiques électroniques et répétitives sans interruption, une même scène centrale pour écouter Pantha du Prince, John Talabot, Brandt Brauer Frick, Cabaret Contemporain ou des pièces de Steve Reich : c’est Marathon au Sucre. Rencontre avec le créateur du concept, Laurent Jacquier.

C’est dans le format bien particulier S.Society du dimanche (18h - minuit) que la première soirée Marathon à Lyon sera inaugurée. Pourquoi ?
Laurent Jacquier
: J’ai l’habitude de faire confiance aux personnes qui m’accueillent dans leur lieux. L’équipe Arty Farty m’a tout de suite aiguillée sur ce format. C’est le public qui serait le plus sensible aux esthétiques que je porte. Le dimanche peut paraitre contre-intuitif, mais il n’y a qu’à pratiquer un peu Le Sucre et voir la prog' pour comprendre : Jeff Mills, Donatto Dozzi, même Ben Klock, c’est le dimanche que ça se passe. Et par rapport à la Gaîté Lyrique à Paris, je pense que le dimanche au Sucre peut aussi intéresser plus de teenagers.

Beaucoup parlent de l’impératif et de l’urgence à « éduquer » la jeunesse à la musique, à la fête… Est-ce une de vos aspirations ? 
Éduquer, je déteste ce terme. Je comprends que ça puisse en incommoder certains, et ça ne veut pas dire que j’ai raison, mais c’est un biais auquel je ne crois pas du tout dans la vie en général. On "n'éduque", jamais, c’est faux. Tu donnes des clés d’écoute. Mais il n'y a pas de vérité dans la sensation artistique, c’est de la magie, comme quand on tombe amoureux. Pourquoi Steve Reich me fascine ? J’ai quelques idées. Mais la vérité, c’est que je ne sais pas, et c’est la magie du truc.

Tout mon boulot va être de d'offrir les conditions maximales pour qu'il puisse y avoir — à un moment — une magie qui s’opère. Qu’est ce qu’on en a à faire que Steve Reich soit né en 1936 et que ce soit le chef de fil de la musique répétitive ? C’est après que tu peux t’intéresser à ça. Je suis un fan de Maurice Ravel, je suis le psychopathe qui a lu tous les écrits. Mais un jour, un pote m'a fait écouter, et là, j’ai tripé. C’est tout. C’est de la transmission. Mon pote ne s’est pas dit qu’il allait m’éduquer. L’éducation tue la magie, c’est un frein à la sensation. C’est un sujet important dans mon métier car tout se base sur la sensation. Il faut faire des petites révolutions et je pense que Marathon en est une. Mais il faut être malin, et jouer avec les codes.

Une question de codes

Comme faire écouter Drumming de Steve Reich, debout, sous la verrière des Subs ? Les treize musiciens de l’Ensemble Links s’attaquaient alors à l’une des œuvres cultes de la musique répétitive, en septembre dernier.
Pourquoi, quand on écoute Music for 18 Musicians ou Terry Riley, on serait assis ? Parce que ça répond à des codes de la musique classique. Tu es assis à E22, c’est un code social. Pourquoi tu ne peux pas boire une bière, rouler des pelles à ton copain ou ta copine, parler en concert ? Je pense que tu peux tout à fait être assis, donner l'impression que tu écoutes, et penser à ce que tu vas faire à manger en rentrant chez toi. Ou à l'inverse, être vivant et au taquet sur ce que tu écoutes. Ça m'est vite apparu que là-dessus, j'avais un vrai levier. C'est appliquer les codes de la musique actuelle sur les esthétiques d'une certaine musique contemporaine, en gros, la musique répétitive. Là, j’ai un projet en cours sur Brian Eno pour public couché ! Je déplore qu’il n’y ait pas plus de choses comme ça.

Les Marathon de la Gaîté Lyrique utilisent deux, voire trois espaces, ce que ne permet pas la superficie du Sucre. Comment les contraintes techniques de la salle ont-elles été intégrées dans la réflexion de la programmation ?
J'ai trouvé un plan : c’est dans les toilettes. Non, je plaisante. Il me faut une unité de lieu, et ce sera au centre du club. Clapping music est totalement acoustique, donc il n’y a pas de câbles… c’est trippant, et ça sert le propos. Piece of Wood, ce sont des claves. Drumming, c’est le plus lourd : on a quatre bongos. C’est excitant car je n’ai pas toutes les réponses. Et c’est du live ! Tout d’un coup tu as deux contrebasses, un MS-20… ça va être génial.

Marathon
Au Sucre le dimanche 27 novembre

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