Parmi les plus insondables mystères taraudant l'humanité, entre l'assassinat de Kennedy et l'existence d'une vie intelligente extra-terrestre, figure cette question térébrante : comment un vieux républicain ultra conservateur (limite réac') comme Clint Eastwood peut-il signer des œuvres autant emplies d'humanisme, abhorrant tout idée d'injustice de surcroît lorsqu'elle est fondée sur une discrimination raciale ou ethnique ?
Un paradoxe de plus pour le cinéaste-comédien aux déconcertants penchants masochistes, n'aimant rien tant depuis plus d'un demi-siècle que présenter son corps d'athlète perclus, tuméfié, amoindri, humilié par l'âge ou des opposants sadiques — lui donnant l'occasion de se livrer à une loi du Talion fort peu charitable.
Chef-d'œuvre incontestable du Eastwood dernière époque, Gran Torino (2009) raconte le parcours d'un vétéran revêche de la Guerre de Corée plus que vindicatif finissant par éprouver une tendresse paternelle pour son jeune voisin asiatique. Digne d'un conte moral, ce magnifique film est à revoir deux fois au Pathé Carré de Soie les jeudi 16 février à 20h30 (vo) et lundi 20 (vf).