Peinture / L'installation in situ de l'artiste d'origine stéphanoise contre-effectue la glaciale grisaille hivernale grâce à son univers cartoonesque et épuré.
L'amour que Bérénice Nouvel transmet à son art n'a rien à voir avec l'amour souillé chanté par Soft Cell, et se matérialise dans l'amour peint, joyeux et onirique, en mesure de contrer toute humeur chagrine.
Envahissant l'espace sis à l'angle entre la rue Mortier et la rue Montebello, Tainted Love est une exposition conçue explicitement pour Kommet et, en tant que telle, apparait comme une expérience unique.
Vivre dans un cartoon
Un sentiment d'étrange pureté s'empare de nous dès que l'on en franchit la porte d'entrée : il s'agit d'une sensation de bien-être, appuyée par le côté immaculé qui se déploie dans l'espace.
L'esthétique pastel, délicate et de la même étoffe que les songes, accueille le public dans ses volutes nuageuses et cotonneuses suscitant un imaginaire raisonnable. L'imagination organique de l'artiste se convertit en narration, invitant le regard à emprunter les chemins opaques, tracés en pointillé, ou amenant nulle part.
La parole, en trompe-l'œil
La sincérité esthétique de Bérénice Nouvel confesse sa démarche humoristique, amusée et ludique, loin donc de tout discours séduisant et monomaniaque. Dans Tainted Love l'écriture aussi s'expose pour déjouer sa propre autorité (la signature de l'artiste se convertit en froid bordereau) ou désarticulant la "légende de l'artiste" dans un récit fictionnel passionnant.
L'ambiguïté inhérente au trompe-l'œil embrasse ainsi dans son opacité non seulement le domaine de l'image, mais aussi celui de l'écriture, dans sa dimension nominative, communicative ou narrative, restituant l'art à sa dimension primaire : celui de l'espace-surface où tout se joue, l'art et la vie.
Tainted Love par Bérénice Nouvel
Jusqu'au samedi 8 février à Kommet (Lyon 7e) ; entrée libre