Bodybuilder

De et avec Roschdy Zem (Fr, 1h44) avec Vincent Rottiers, Yolin François Gauvin, Marina Foïs…


Faire un film réaliste et honnête sur le milieu du bodybuilding français est un défi inattendu de la part de Roschdy Zem, dont c'est le troisième long en tant que réalisateur après deux tentatives — Mauvaise foi et Omar m'a tuer — assez catastrophiques, chacune à leur manière. La vision de ces corps monstrueux et l'appréhension de l'esprit quasi philosophique qui préside à leur transformation produit d'ailleurs parfois un certain vertige. Mais c'est surtout grâce à la présence incroyable de Yolin François Gauvin, sommet de virilité tranquille dont le visage et la voix impassibles semblent déconnectés de son impressionnante masse musculaire, que le film trouve une vraie raison d'être. Il rejoint ainsi la belle lignée des Ventura ou Michel Constantin, anciens boxeurs devenus acteurs charismatiques du cinéma populaire français.

Mais Zem n'est pas Melville ou Giovanni, et plutôt que de lui offrir une solide intrigue de polar, il le plonge dans une très banale histoire de transmission père / fils compliquée, dans laquelle Vincent Rottiers fait assez pale figure. On a sans cesse vingt longueurs d'avance sur le scénario, et ce n'est pas la réalisation, digne d'un téléfilm, qui risque de relever le tout. Bodybuilder échoue à offrir une fiction à la hauteur de la personnalité de Gauvin, à la fois bigger than life et résolument humaine.

 

Christophe Chabert


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