Pourquoi la Suède ignore-t-elle Jay-Jay Johanson ?

Avant le concert du Suédois au Transbordeur, on pose cette question capitale.


The Hives ; Loney, Dear ; I'm from Barcelona ; Jose Gonzales ; The Knife ; Peter Björn and John ; The Tallest Man on Earth ; Peter Von Poehl ; Frida Hÿvonen ; The International Noise Conspiracy... Même en ne s'en tenant qu'aux artistes déjà cités dans ce journal (on en oublie sûrement et on vous épargne les mastodontes passés et présents toutes disciplines confondues – ABBA, Roxette, Ace of Base, Don et Neneh Cherry, Robyn, EST...), les Suédois sont aussi présents dans nos oreilles que les Anglo-Saxons.

D'ailleurs c'est simple, la Suède est le troisième exportateur de musique au monde. Et c'est à Stockholm que l'on compte le plus de studios d'enregistrement par habitant, abritant une armée de faiseurs de tubes pop que les plus grandes stars US s'arrachent pour transformer une mélodie en son de tiroir-caisse.

Sauf qu'à vivre et produire dans un pays d'exportation, on en vient à n'être pas soi-même importé. Tel un Patrick Devedjian victime collatérale de l'« ouverture » sarkozyste, Jay-Jay Johanson, qui connut ses premiers succès en France (au point d'y vivre un temps, à Strasbourg, et de constater qu'on ne s'y ennuyait pas assez pour écrire) et a toujours enregistré en Suède avec une équipe suédoise (le fidèle Erik Jansson), n'est jamais parvenu, comme ses camarades précités, à être non pas prophète en son pays (ce serait beaucoup demander), mais au moins enfant de chœur.

Seul Antenna lui permit de forcer la porte comme il le fit avec le marché US, Jay-Jay commercialisant immédiatement un best-of suédois de ses œuvres précédentes pour rattraper le coup. Peine perdue, lui qui combine pourtant l'élixir parfait du suédois (le jazz et la pop) et a, en plus, la politesse de les monter en kit, n'a jamais dépassé un n°36 dans les hits suédois.

Alors depuis la Suède, Jay-Jay fait comme les mercenaires suédois, il exporte en France, en Angleterre, aux États-Unis, en Russie et, comme le petit garçon triste et ironique qu'il aime à être, appelle la Suède « mon pays qui m'ignore depuis toujours ».


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Jay-Jay Johanson : l'homme 100 visages