Rentrée théâtre 2016 : n'ayons peur de rien

Lancée par la venue de Joël Pommerat et Romeo Castellucci, la seconde partie de saison s'annonce dense et exigeante. Tour d'horizon de ce qui vous attend au théâtre sur les six prochains mois.


D'un côté la Révolution française revue et corrigée en costard-cravate par Pommerat en 4h30 dans Ça ira (1). Fin de Louis (au TNP, co-accueil avec les Célestins dès cette semaine), de l'autre de vrais singes et des instruments SM pour reconstituer le destin tragique des Atrides dans L'Orestie (aux Célestins, co-accueil avec le TNG plus tard en janvier) du remuant et très rare Romeo Castellucci : le premier mois de l'année ne devrait pas vous laisser indemne. D'autant que s'ajoutent la nouvelle création de Michel Raskine, Quartett d'après Les Liaisons dangereuses (Célestins), pour laquelle il rappelle son duo fétiche Marief Guittier / Thomas Rortais et celle, écouteurs aux oreilles, de Joris Mathieu, l'intriguant Hikikomori (TNG) qui murmurera trois histoires différentes aux spectateurs.

Aussi intranquille sera Phia Ménard, artiste transgenre associée au TNG avec son classique Vortex explorant la question de la mue (juin). Ce spectacle s'inscrit dans un festival qui nous avait manqué : UtoPistes, consacré aux arts du nouveau cirque et où l'on retrouvera notamment Mathurin Bolze aux Célestins.

À ne pas manquer en cirque aussi, les survitaminés Vietnamiens de A ô lang Phô (Villefranche, mai), qui racontent en bondissant comme personne l'histoire de leur pays. Dans un genre diifférent mais sur ce thème de l'altérité, Philippe Vincent prend la suite d'un Yves-Noël Genod parfois pénible avec le projet Étrange étranger au Point du Jour avant le retour du taulier Gwenael Morin en avril.

Sans frontière

Les Européens seront aussi à l'honneur dans les préciseuses salles périphériques, comme à Vénissieux qui accueille 30/40 Livingstone avec les Catalans Sergi Lopez et Jorge Picó (acolyte de Philippe Genty), à la recherche d'un animal légendaire (janvier), et au Toboggan qui mettra en avant deux compagnies italiennes contemporaines (janvier aussi).

Parmi les multiples propositions de Charlie Chaplin à Vaulx-en-Velin, retenons cette chance de pouvoir voir ou revoir le premier conte pour enfant adapté par Pommerat, Le Petit Chaperon rouge (avril),  Yael Tautavel, la meilleure création de Nino d'Introna (Théo Argence, mars) et, surtout, le sensible et musicalement très haut de gamme Inuk (Villefranche, avril), première incursion de David Gauchard dans le domaine de l'enfance.

Moins solide est Le Chagrin. La compagnie des Hommes Approximatifs a certes le vent en poupe,  mais ses créations, toujours sur un fil, ne convainquent pas tout à fait (Croix-Rousse, février). Côté collectif, misons plutôt sur In Vitro, présent pour un triptyque, Des années 70 à nos jours, qui s'attaque à Brecht, Lagarce et à leur propre écriture pour évoquer les restes de Mai 68.

Menant lui aussi une saga, l'ambitieux Thomas Jolly propose la suite de ses 18h de Henry VI avec Richard III, 4h30 "seulement", aux Célestins en mai. La directrice de ce théâtre, Claudia Stavisky, signera elle sa création annuelle, une adaptation de Les Affaires sont les affaires de Mirbeau, allégorie de la conquête du pouvoir.

Côté OVNI, la rencontre entre Arnaud Cathrine et Anna Mouglalis se fera à la Renaisance (avril) pour des Sérénades simples et émouvantes. Enfin, puisque la langue d'ailleurs est parfois la meilleure caisse de résonance pour comprendre ce qu'il se passe ici, Le Dibbouk, grand œuvre du théâtre yiddish traitée par Benjamin Lazar, et le très délicat En courant, dormez ! du Japonais Oriza Hirata, seront donnés au TNP (mars-avril).


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