Révolution de velours


Soucieux de lier l'intime et le politique, le jeune metteur en scène Baptiste Guiton, déjà à l'origine d'un travail tendre et noir sur Lune jaune de David Greig, a passé commande à la prolifique Magali Mougel (sortie de l'ENSATT en 2011) qui s'est penchée là sur le sort d'une famille victime de la fermeture des hauts-fourneaux de Florange. Quand l'ancien leader syndicaliste revient auréolé de son nouveau costume d'eurodéputé, elle interroge la trahison vis-à-vis d'un combat mené de haute lutte (toute ressemblance avec le CFDTiste Édouard Martin passé au PS est bien sûr possible).

Elle fait éclater la cellule intime entre un père refusant d'accepter n'importe quel boulot, une mère en proie à ses désirs et une fille désirant quitter cette vallée dont s'est emparée une « brume de coton ». Le fils, joué à merveille par Antoine Besson comme échappé de Moonrise Kingdom, est le seul à faire preuve de fantaisie, rêvant de quitter cette médiocrité ambiante pour devenir copain avec Lakshmi Mittal !

Ce pas de côté dans la fiction est le bienvenu dans une mise en scène bien sage et trop séquencée,  pour des situations ne s'installant pas vraiment avec, en corollaire, une direction d'acteurs très feutrée et un décor certes ambitieux et astucieux (une maison à chausse-trappe, une carcasse de voiture) mais trop propre pour vraiment faire ressentir les douloureuses cicatrices de ce conflit social. NP

Cœur d'acier
Au TNP du 8 au 11 mars


<< article précédent
DiCaprio et l’Oscar : Attrape-moi si tu peux !