Aurélie Van Den Daele

Associée notamment au théâtre de l'Aquarium, Aurélie Van Den Daele revient sur l'Amérique de Reagan et les sombres années de l'apparition du sida. Avant d'être une série HBO, Angels in America était une pièce de théâtre qu'elle adapte en 5 heures.


Qu'est-ce qui vous a poussé à monter cette pièce se passant dans une époque, les 80's, que vous n'avez pas connue ?
Aurélie Van Den Daele : Notre équipe est née en 1980, on a grandi avec cette génération sida, comme on nous a appelé. Adolescente, j'ai beaucoup lu des auteurs comme Hervé Guibert, j'ai été interpellée par l'attitude de la société à l'égard de cette maladie, le fait que le problème a été long à se mettre en place au niveau de la santé publique.
Cette pièce s'inscrit vraiment dans une réflexion que j'avais eu plus jeune, on a été nombreux à militer dans l'équipe, c'est la raison éthique de ce choix et c'est vrai que formellement, c'est une pièce magistrale qui aborde de nombreux registres : la comédie, la tragédie, avec du fantastique, de l'onirisme... Théâtralement, c'est un défi de mise en scène et une grande stimulation.

Comment avez-vous abordé scéniquement ce texte ?
Le lien entre théâtre et cinéma nous intéresse beaucoup dans la compagnie. Tony Kushner a écrit cette pièce à la manière d'une série, avec un traitement cinématographique (scène prise en cours, multiplication des lieux...) : je voulais en rendre compte.
Et il était important de restituer l'attachement aux personnages, au suspens. On a voulu s'éloigner du réalisme des très nombreuses didascalies de Kushner pour voir comment cette pièce peut encore avoir une résonance aujourd'hui, trente ans après son écriture. On a crée une sorte de non-lieu pour montrer l'universalité du propos, avec une cage en verre, de nombreuses lumières avec l'idée que, comme l'ange dans la pièce, l'imaginaire est un guide pour les humains.

Quelles sont vos influences tant théâtrales que cinématographiques ?
Mes grands maîtres sont le polonais Krzysztof Warlikowski et le flamand Ivo van Hove. Ce sont de très grandes inspirations car ils arrivent à produire un travail très contemporain. Au cinéma, je suis très fan de David Lynch qui m'a un tout petit peu aidée grâce à l'audace qu'il a de mélanger des espaces mentaux et réalistes.

Angels in America
Au Théâtre de la Croix-Rousse du jeudi 6 au samedi 8 octobre


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