Dalida

de Lisa Azuelos (Fr, 2h04) avec Sveva Alviti, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve…


Une bonne décennie après la mini-série télévisée de Joyce Buñuel, pourquoi diable entreprendre un nouveau biopic sur Dalida ? Si grâce à son producteur de frère la discographie de feue Iolanda Gigliotti s'est enrichie d'une vingtaine de titres — performance remarquable pour une artiste décédée en 1987 —, force est de reconnaître que Lisa Azuelos n'a rien à nous apprendre de nouveau. Entre deux séquences clipées hachant son ascension, la réalisatrice se borne à dévider l'existence malheureuse de la chanteuse en suivant un double-fil pas vraiment cachemire : c'était une collectionneuse de relations autodestructrices, mais aussi une femme de tête en quête de stimulations intellectuelles… Wow…

Entonnant volontiers le couplet de la star adulée échouant de naufrage sentimental en fiasco amoureux, le film transforme Dalida en une sorte de Pierre Richard tragique, accumulant avec brio les amants suicidés sous l'œil noir d'un Orlando plus vrai que nature — Riccardo Scamarcio est, avec Vincent Perez en Barclay et Timsit en Coquatrix, l'un des seuls attraits du film. Difficile d'éprouver de la compassion pour sa solitude quand on pense aux Malheurs d'Alfred.

N'accablons pas la malheureuse Sveva Alviti, qui s'applique à lire des ouvrages de philosophie en prenant des notes, mais être italienne et rouler les “R” comme son modèle ne suffit pas à le personnifier ou à seulement évoquer sa silhouette. Trop longiligne, la belle affiche en outre un regard au parallélisme sans défaut. Or, une Dalida sans strabisme, c'est comme un bon repas auquel il manquerait du fromage. On laissera ce pensum aux fans transis de la diva du Nil et aux malheureux votants de l'Académie de César l'année prochaine à la même période.


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Sandra Lorenzi, dedans-dehors