Les territoires d'Amann


Initié en 2013, Des territoires est désormais une trilogie dont les parties ont été réunies l'été dernier à Avignon. Extrêmement dense, ce spectacle a les défauts de ses qualités mais surtout le mérite d'embrasser à la fois son époque et les précédentes.

Baptiste Amann, 36 ans, aurait pu être circassien mais c'est l'ERACM (école sup' de Cannes-Marseille) qui l'attrape. Loin de la zone tampon où il grandit entre centre-ville clos et banlieue avignonnaise, il rencontre les lettres et des amis avec qui il forme la compagnie de l'Annexe. Subjugué par L'Orestie d'Eschyle « parce que c'est une précipitation du temps », il écrit l'histoire d'une fratrie (une fille et trois garçons) qui se retrouvent à la veille de l'enterrement de leurs parents. Ce sera l'épisode et le jour 1.

Cette fresque s'étale sur sept heures

En suivront deux autres durant lesquels le millefeuille théâtral s'épaissit. Les ossements de Condorcet retrouvés dans les fondations de la maison familiale à vendre font surgir 1789, l'irruption d'une Louise Michel d'aujourd'hui échappée des émeutes qui rôdent autour du pavillon invite la Commune et la question de la colonisation algérienne via le fils adoptif, Hafiz.

Alternance de scènes dialoguées et de monologues intérieurs, mouvance habile du décor : cette fresque qui s'étale sur sept heures se regarde comme une série touffue avec des sketches convoquant des références parfois surannées (le couple Badinter et Bernard Pivot). Cependant, l'appétit de théâtre qui pilote ce spectacle emporte tout sur son passage.

Des territoires
Aux Célestins du vendredi 3 au dimanche 5 juin

 


<< article précédent
PLK, le choix de la jeunesse pour le Réel Festival