La matrice Dandelyon


Beaucoup de ce qui fit la scène pop des années 2000 à Lyon a tourné autour de Dandelyon, émanation des Disques Puzzle (Scalde, Selar, Silex Cielo...) dirigés par Scalde et l'association Popswirl de Marie Jamet, alors initiatrice d'un disque de reprises de New Order par la scène lyonnaise.

L'idée de départ est de permettre à un maximum de groupes locaux de tourner un peu partout (slogan : « La pop lyonnaise prend la clé des champs »). Une première édition est ainsi organisée en 2004 en une sorte de mini-festival réunissant Scalde, The Rams, The Purple Lords et Les Putrellas Forever (trio féminin rappelant quelque peu les Shaggs avec autant de fausses notes mais plus de concept). L'année suivante, la formule change pour se rapprocher de celle d'un tremplin, sis entre la Marquise, le Sirius puis le Marché Gare. Chaque année, de novembre à mars, trois groupes se produisent en live devant un public et un jury de professionnels de la profession (journalistes, programmateurs) qui élit trois lauréats (une compilation venait graver dans le marbre le roster de la saison).

Ici pas d'entourloupe, d'argent à débourser ou d'applaudimètre approximatif façon Emergenza ou de guerre du clic à la Ricard SA Live Music. Les trois lauréats bénéficient ainsi d'un accompagnement et de l'opportunité de jouer encore plus — un finale est organisé chaque saison au Ninkasi, un autre lors de la Fête de la Musique. L'édition 2005 voit triompher A Song, Fake Oddity et Scrambled Eggs, la suivante Vale Poher, King Kong Vahiné et The Green Olive. En 2007, le "tremplin" voit passer et gagner les Anneciens de Coming Soon, leur chanteur à chapeau de cowboy et leur batteur de 13 ans, aux côtés des excellents S. de Cédric de La Chapelle (futur découvreur et mentor de Slow Joe et d'Obi Bora) et de Benjamin Fincher.

Bien implanté dans le paysage lyonnais, Dandelyon hérite même d'un bureau dans les locaux de la Mission Musique. Mais l'âge d'or est de courte durée et des coupes de subventions obligent Scalde et ses complices à mettre la clé sous la porte en 2009 (Lauren Stuart and The Golden State of Mind, émanation anglophone de Déjà Vu, et Joseph Merrick, ex-The Green Olive, auront encore le temps d'être lauréats). La vérité commande aussi de dire que le vivier lyonnais (même étendu) peine après plusieurs saisons à fournir douze candidats crédibles inédits par an. Même si nombre de groupes poursuivent leur trajectoire pour quelques temps, l'arrêt de Dandelyon marque quelque peu la fin d'une scène, de cette Movida pop qui pendant presque une décennie a fait vibrer les salles lyonnaises. Et fait caresser le fantasme très lyonnais d'un possible champion national qui ne se matérialisa jamais.


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Fake Oddity : 20 ans encore