Le chorégraphe israélien Sharon Fridman nous avait éblouis avec le magnifique duo Al menos caras (au moins deux visages) où deux hommes marchaient sur une structure de bois et se laissaient tomber. Dans sa nouvelle création Caïda libre, c'est encore de chute qu'il s'agit. C'est une pièce de groupe qui explore un trait essentiel de notre nature : la survie et la relation complexe et délicate des corps. Générée par la réunion et la séparation des corps explorant les limites de l'instabilité, cette question est la pierre angulaire de la philosophie existentielle de Sharon Fridman. « Sept fois à terre, huit fois debout » dit un proverbe japonais. Le postulat de départ est la verticalité : vivre c'est rester debout. Si nous tombons, le poids social nous enjoint de nous relever. Mais parfois, n'est-il pas bon de tomber pour trouver une autre manière d'être debout, plus libre, plus fort dans l'abandon de structures défensives et asphyxiantes. Mais la liberté absolue et la chute libre sont-elles à la portée de l'individu ? Les six danseurs de Sharon Fridman font l'expérience d'une chute libre sous l'impulsion du groupe, bienveillant. Sans arrêt en mouvement, ils s'attrapent, se lâchent, n'arrêtent pas de tomber et de se relever. Une chorégraphie spectaculaire, puissante, avec un rythme à couper le souffle.
Caïda libre, vendredi 13 janvier à 20h, à l'Opéra de Saint-Étienne