Vroum vroum / De James Mangold (É.-U., 2h33) avec Matt Damon, Christian Bale, Jon Bernthal...
Seul Américain à avoir remporté Le Mans, Carroll Shelby s'est reconverti dans la vente de voitures. Quand Henry Ford junior fait appel à lui pour construire la voiture capable de détrôner Ferrari, il saute sur l'occasion. D'autant qu'il connaît le pilote apte à la conduire : l'irascible Ken Miles...
L'actualité a de ces volte-faces ironiques... Sortant précisément au moment où le mariage PSA-Fiat (Chrysler) vient d'être officialisé, Le Mans 66 débute par la fin de non recevoir de Ferrari de s'allier à Ford, l'indépendante Scuderia préférant assurer ses arrières dans le giron de Fiat. Un camouflet, une blessure narcissique qui va précipiter l'industriel de Détroit dans une lutte orgueilleuse avec en ligne de mire la couronne mancelle. Est-ce de l'émulation (puisqu'il y a un enjeu technologique pour les deux sociétés en lice) ou bien la traduction d'un complexe psychologique de la part de leurs dirigeants ? On ne manquera pas de faire un lien avec la conquête spatiale, contemporaine de cette guéguerre sur route !
À l'écran, en tout cas, si l'épopée apparaît classique dans la forme, elle est menée avec le métier coutumier de Mangold, son goût pour la belle image, et relayée par des comédiens habitués à l'investissement personnel. D'autant qu'il en faut pour camper les deux “caractères“ que sont Sheby et surtout Miles : potes aimant se mettre des roustes viriles, les compères se trouvent de surcroît en bisbille régulière avec les administrateurs de Ford, qui font passer la marque avant les hommes — rien de bien nouveau. Captivant, révoltant, émouvant parfois, c'est également un témoignage d'une certaine image désuète de la masculinité, de la modernité, de l'entreprise et du sport. On en viendrait presque à devenir temporairement tolérant quant au taux de particules fines émis sur les circuits sarthois.