La chronique food du PB / Entrée en cuisine pour écrire sur les chefs plus que pour les imiter, Anaïs a quand même réussi l'exploit d'obtenir son CAP, avant de retrouver son clavier de journaliste avec beaucoup plus de sûreté. Car c'est en salle qu'elle aime admirer le ballet des plats et raconter l'émotion qu'ils provoquent. Ici pas de critique négative, elle ne chronique que ce qu'elle a aimé. Aujourd'hui, rendez-vous au Dada, pour un goûter-cocktail.
Son arrivée à Saint-Etienne nous avait été soufflée par des journalistes parisiens en octobre 2021 et on l'attendait patiemment depuis. Les premières publications sur leur fil Instagram début 2023 annonçaient officiellement l'ouverture du Dada ! Toujours en retard, on y a pointé notre nez seulement à la mi-mars. D'abord, en cherchant bien le numéro 25 de la rue Louis-Braille, car le PMU moderniste n'a pas d'enseigne... Volontairement. Pas de bouteilles derrière le bar non plus. Une belle remise en cause des conventions, façon dadaïste quoi ! Pourtant les flacons ne manquent pas : la carte des boissons nécessite bien quinze minutes de lecture. Fascinante et pointue dans le choix.
Une déco corbuséenne
Pas étonnant. Un des tenanciers associés est un ancien journaliste de WhiskyMag, passé de l'autre côté du bar après une reconversion comme mixologiste à Paris, avant d'atterrir à Saint-Etienne, à la conquête d'espace. Oui, parce que si notre première visite était incognito, pour la seconde, (une fois n'est pas coutume dans cette rubrique), on a dit venir officiellement pour Le Petit Bulletin. On a posé le carnet sur un coin de table imitation béton armé pour une interview, sous un aplat rectangulaire vert Corbusier peint au mur à 1, 83 mètres de hauteur, en référence à la taille du Modulor inventé par celui qui a désigné une partie de Firminy. Il faut dire que les références à l'architecte puriste sont nombreuses dans la déco, pour ce lieu, ouvert tout au long de la journée, qui se veut un nouveau point d'ancrage dans le quartier.
Du bio, mais surtout du bon
Mais revenons à la carte, méticuleusement composée depuis la genèse du projet il y a quatre ans, avec « un gros budget tasting pour avoir une réelle vision de l'offre de la production ». Du bio uniquement, avec une sélection de marques qui respectent les conditions de travail des gens « car dans les alcools, on retrouve beaucoup de coupeurs de canne à sucre dont l'espérance de vie est de 50 ans. » Quelques industriels « pour rester abordable niveau prix », mais aucun en softs : le cola est issu d'une infusion de noix de kola, de citron et d'épices de chez Umà.
Un peu de local aussi, mesuré « pour éviter d'arrêter d'être curieux » avec du jus de pommes de chez Chaudet ou une blonde amère des brasseurs locaux Phylum Fungi. Et aussi des petites productions de spiritueux comme celle de la « La gnole de Gérard », venue d'Alsace sous le nom Les Vergers d'Arlette, labélisée Demeter Entre autres. Embarquée dans l'histoire de l'arboriculteur biodynamique, on se laisse tenter par une composition à base de son eau de vie de framboise, mélangée à une eau de vie de kirsch, du bissap (fait maison, gros succès), du citron et de l'hysope (10 euros). Cocktail - banana bread tonka végane (2.50 euros) au goûter de 17h30, on n'avait jamais fait, mais l'accord fonctionne.
Du café de spécialité
Car oui, on peut aussi manger au Dada Café. Plutôt du sucré jusqu'à l'apéro, avec une mention spéciale pour le cookie chocolat au lait/tahini, dans lequel on a aussi croqué (1.50 euros), et en mode grignotage quali après (houmous maison, sardines avec des haricots blancs, du fenouil et du zaatar, etc.). Le tout servi dans de belles céramiques façonnées par Emilie, l'autre artiste des lieux.
Les amateurs de petit noir devraient aussi trouver leurs repères avec une sélection de cafés de spécialité, proposée en mode double ristretto (1.90 euros) ou en version filtrée avec une Chemex « même s'il n'y a pas encore la culture ici ». Posez la question à Gaylor, il vous expliquera. De quoi s'éduquer à autre chose de meilleur que les jus un peu âpres qu'on trouve trop souvent sur les comptoirs. Un rêve surréaliste...
Dada Café, 25 Rue Louis Braille, 42000 Saint-Étienne. Plus d'informations par ici