Riad Sattouf, Angoulême et les lignes à bouger

Édito du n°999 - mercredi 13 janvier 2016 - Petit Bulletin Grenoble

Il y a plusieurs manières de faire bouger les lignes. Une, forte, consiste à dénoncer une situation avec des images ou des propos chocs. C’est, par exemple, ce que font les Femen quand elles déboulent seins nus dans l’espace public. Une autre, pas forcément antinomique avec la première, consiste à y aller plus doucement, en évoquant par exemple son cas personnel.

« J'ai découvert que j'étais dans la liste des nominés au grand prix du festival d'Angoulême de cette année. Cela m'a fait très plaisir ! Mais, il se trouve que cette liste ne comprend que des hommes. Cela me gêne, car il y a beaucoup de grandes artistes qui mériteraient d'y être. Je préfère donc céder ma place à par exemple, Rumiko Takahashi, Julie Doucet, Anouk Ricard, Marjane Satrapi, Catherine Meurisse... Je demande ainsi à être retiré de cette liste, en espérant toutefois pouvoir la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire ! Merci ! »

Avec ce court message posté sur son Facebook, l’auteur de BD Riad Sattouf a sobrement mis en lumière (médiatique) ce que beaucoup (comme Le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme dans ce cas) dénoncent depuis longtemps : la sous-représentativité des artistes femmes dans pas mal de domaines culturels.

Certes, « il y a malheureusement peu de femmes dans l’histoire de la bande dessinée » comme s’est justifié Franck Bondoux, délégué général du festival, dans les colonnes du Monde – avant de finalement revenir sur le principe de liste. Mais il faut aller plus loin, et comprendre pourquoi une telle situation, à la violence symbolique forte, arrive encore aujourd’hui. Et pourquoi on se retrouve toujours confrontés à des mécanismes de sélection qui écartent souvent les femmes – à Cannes en 2012, Fanny Cottençon, Virginie Despentes et Coline Serreau avaient dressé le même constat lors du dévoilement d’une sélection 100% masculine.

Des prises de position qui énervent beaucoup ceux qui croient en un monde naturellement parfait et égalitaire, mais qui doivent être entendues. Pour, justement, que les lignes bougent.

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