Seconde(s) chance(s) : les reprises ciné de l'été

Comme dans les années 80, la saison estivale est devenue le moment privilégié pour exposer des classiques dans les salles. La moisson 2014 est belle du côté du Comœdia, avec notamment un thriller génial de John Frankenheimer et les aventures américaines d’Agnès Varda. Christophe Chabert

Premier événement de cet été de classiques au Comœdia : l’exhumation d’une perle rare du thriller américain, un film matrice et pionnier de John Frankenheimer, Seconds, L’Opération diabolique (à partir du 23 juillet) où un banquier âgé et déprimé par la monotonie de son existence accepte la proposition d’une mystérieuse organisation : changer de visage et démarrer ainsi une nouvelle vie. Le visage en question est celui de Rock Hudson, et voilà notre homme propulsé dans une communauté constituée uniquement d’autres «reborns» menant la vie facile, jusqu’à ce qu’il se rende compte du prix à payer pour cette opération effectivement diabolique. Dans un noir et blanc spectaculaire signé par le vétéran James Wong Howe — qui fut le directeur photo de John Ford — Frankenheimer signait un objet culte, le premier film casse-tête de l’histoire du cinéma. Tourné en 1965, c’est aussi un prototype parfait et précoce du cinéma conspirationniste et parano qui allait envahir Hollywood cinq ans plus tard.

Terres étrangères

Devenu invisible depuis sa sortie en 1970, Moonwalk One (à partir du 30 juillet) de Theo Tamecke revient dans une version restaurée et inédite sur les écrans cet été. Ce n’est pas exactement un documentaire, plutôt un film de montage qui raconte la mission Apollo 11 et les premiers pas sur la Lune de Buzz Aldrin et Neil Armstrong. Un film imprégné du lyrisme et de l’idéalisme qui caractérisait à l’époque la conquête de l’espace, mais dont le montage, parfois très expérimental, peut aussi évoquer ce que Terrence Malick tentera dans les scènes "cosmiques" de Tree of Life — quoique le plus beau dans Moonwalk One est peut-être sa manière de regarder l’activité des Terriens au quotidien, contraste spectaculaire avec ces pionniers explorant la «nouvelle frontière».

Dans le bouleversant Les Plages d’Agnès, Agnès Varda racontait ses années américaines, passées à Venice Beach en compagnie de Jacques Demy en pleine période hippie. De ce bref exil, elle tirera trois longs-métrages qui y font directement référence : Lions Love (and Lies), tourné en 1969, et surtout Murs murs et Documenteur, réalisés en 1982. Le premier revient à Los Angeles pour y filmer les impressionnantes peintures murales créées à l’époque et y rencontrer leurs auteurs ; le second transpose l’expérience de l’exil vécue par Varda en imaginant une femme et son enfant de huit ans perdus dans cette Californie étrange et étrangère. «Agnès Varda in California», c'est le titre de cette rétrospective événement, à voir à partir du 30 juillet.

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