Hostel chapitre II

Mercredi 18 juillet 2007

d'Eli Roth (ÉU, 1h34) avec Lauren German, Roger Bart...

Qu'est-il arrivé à Eli Roth ? Autant le premier Hostel était l'œuvre d'un teenager maniant de la dynamite en pensant jongler avec des bouteilles de Coca, autant son Chapitre II l'affirme en cinéaste adulte, soudain conscient de la gravité de son sujet. Pourtant, de l'un à l'autre, peu de choses ont changé, à commencer par le scénario, quasi-identique (de jeunes Américain(e)s se font torturer dans un bled tchèque). Mais cette reprise littérale introduit d'entrée une grande différence : le suspense est aboli, et le film déroule avec une certaine mélancolie un programme face auquel le spectateur ne peut à aucun moment prendre du plaisir, même pervers. Il n'y a qu'à voir la première scène de sadisme pour s'en rendre compte : cet Hostel-là est plus proche de Haneke que de Scream, c'est-à-dire d'une réflexion morale sur la violence que d'un film gore fun et irresponsable. Du coup, Roth met en scène avec un réel sens du contre-pied cette marche funèbre, notamment dans le passage étonnant où les deux bourreaux se préparent avant d'aller perpétrer leur massacre : pas de dialogue, juste une musique d'une tristesse infinie. Si le film n'est pas exempt de défauts (un renversement au dernier tiers arbitraire et gratuit), il sait aussi raconter en filigrane des choses nécessaires sur notre époque : ces cadres tortionnaires, bons américains bourrés de blé s'adonnant à la sauvagerie pour épicer leur triste existence, sont les figures maléfiques d'un capitalisme glauque et sans loi qui avale ses propres enfants au nom du divertissement. Le film a l'élégance de ne pas les laisser impunis, mais l'amertume d'orchestrer cette vengeance au prix du billet vert. Désespéré, donc...CC