Syndromes and a century

Mercredi 20 juin 2007

d'Apichatpong Weerasethakul (Thaï-Fr-Autr, 1h45) avec Arkanae Cherkam, Nantarat Sawaddikul...

Après son controversé Tropical malady, Weerasethakul enfonce le clou de son cinéma exigeant, conceptuel et hautement contemplatif avec un Syndromes and a century qui pourtant, dans sa première heure, surprend par son étonnante légèreté. Évidemment, on n'est pas dans une comédie avec Jim Carrey, et les plans restent démesurément longs, statiques et dénués d'action. Mais cette chronique d'un hôpital de campagne thaï arrive à développer avec beaucoup de patience un petit théâtre assez réjouissant : un ancien médecin de l'armée tombe amoureux de sa jolie chef, qui elle-même se fait courtiser par un jeune cultivateur d'orchidées sauvages, pendant qu'un moine bouddhiste avoue à un dentiste chanteur de variété ses regrets de ne pas pouvoir devenir Dj... Cela passé, la vraie nature de Weerasethakul reprend ensuite le dessus : il coupe son récit en deux, fait revenir ses personnages dans un nouveau décor (un hôpital urbain et high tech) et bouleverse leurs rapports (le médecin prend de l'assurance et occupe le centre du récit). La caméra se met en mouvement, mais ce qu'elle filme se déshumanise progressivement, jusqu'à un plan terrible sur un tuyau aspirant une fumée qu'on imagine toxique sur fond de bande son assourdissante. Autant Tropical malady développait un discours clair et fort sur le désir amoureux derrière une forme gratuitement écrasante, autant Syndromes and a century fascine par ses audaces de mise en scène, sans réellement faire apparaître un quelconque propos. Du coup, le film ressemble à une expérience purement cinématographique, oscillant entre répétition d'un système déjà asphyxiant et désir d'ouvrir vers un plaisir de la narration qui pourrait lui apporter un air salvateur.CC