Des études le prouvent, le panda est un animal hautement dépressif. Panda Bear, alias Noah Lennox, pensionnaire de l'Animal Collective, lui, va très bien, merci. Du moins si on considère que les obsédés qui s'échinent à disséquer le Pet Sounds des Beach Boys puissent aller bien. Car oui, c'est (encore !) de cela qu'il s'agit : Brian Wilson et ses «symphonies adolescentes adressées à Dieu». Sauf qu'avec sa grosse patte de plantigrade, Panda Bear a déréglé en cachette tous les boutons du studio d'enregistrement de Pet Sounds. Son Person Pitch vrille en boucles psyché (Carrots), foule des plages de sable rouge sous un soleil vert (Comfy in Nautica) et entube des vagues pleines de reverb aquatique avec les animaux de la forêt (Bro's, symphonie sous-marine de 13 minutes où le plancton est coupé au LSD par Syd Barrett). Noah Lennox c'est un peu toute la fratrie Wilson concentré dans un seul homme-panda : batteur barré comme Dennis, il arbore la voix céleste de Carl et le sens de l'ornement détraqué de Brian. Nul besoin pourtant de ramener Panda Bear vers la lisière païenne de son collectif animalier, Person Pitch y court tout seul, comme un jeune cerf ou un short sale à la rivière (Take Pills). Ce Pet Sounds amniotique et camé, nous conduira forcément par la patte à la réécoute de l'original, histoire d'en repérer toutes les sorties de secours et portes dérobées qui avaient échappées à notre écoute. Panda Bear lui les a trouvées et a tout laissé ouvert en grand. Voilà qui rafraîchit. SD
