Scandaleusement célèbre
de Douglas McGrath (ÉU, 1h58) avec Toby Jones, Sandra Bullock, Sigourney Weaver...
Scandaleusement célèbre débarque en France avec un sérieux handicap : la comparaison avec Truman Capote, sorti il y a tout juste un an. Les deux films traitent du même sujet : le moment où l'auteur Capote écrit son chef-d'œuvre, De sang froid, qui revient sur un fait-divers qui a traumatisé l'Amérique profonde des années 50. Les différences sont notables : autant Truman Capote était un film glacial et arty, autant Scandaleusement célèbre opte pour une certaine légèreté proche des séries télé HBO, notamment dans sa première heure clairement tournée vers la comédie. Quant à Capote, il n'est plus présenté comme un mondain hautain et manipulateur, mais comme un freak attachant et mytho qui ne vit que par et pour le style (verbal, vestimentaire, littéraire...). C'est ce qu'il y a de mieux dans Scandaleusement célèbre : McGrath cherche à brouiller sans arrêt les limites entre le réel et la fiction, à la recherche de la juste distance avec son sujet, s'approchant ainsi du projet esthétique et narratif de Capote. À ce titre aussi, l'interprétation de Toby Jones est assez réussie, dosant parfaitement la part de l'acteur et la part du modèle imité, loin de la performance oscarisée et finalement assez gênante de Philip Seymour Hoffman. Toutefois, les deux films achoppent sur le même écueil : la comparaison avec De sang froid, le film de Richard Brooks, qui n'avait pas besoin d'en passer par les coulisses du livre pour rendre l'importance du travail de Capote, son empathie ambiguë pour ces meurtriers déphasés et son dégoût pour leur condamnation à mort.CC