AMON TOBIN

par
Mercredi 11 avril 2007

The Foley roomNinja Tune/PIAS

Alors que la plupart des musiciens électroniques découvrent sur le tard le maniement des guitares ou les capacités de leurs cordes vocales, Amon Tobin reste fidèle aux machines qui l'ont rendu célèbre. Mais plutôt que d'effectuer du surplace après son titanesque Out from out where (ce que la BO qu'il a composée pour le jeu vidéo Splinter Cell laissait craindre), il fait un joli et réussi pas de côté avec The Foley room. La pièce en question est celle où l'on enregistre les bruitages sonores des films, et Tobin trouve là matière à élargir le spectre de sa dark drum'n'bass. Clapotis aquatiques d'objets immergés, rugissements de tigres, motos démarrant au quart de tour : voilà autant d'éléments qui se transforment en arrangements musicaux pour les besoins de petites pièces sonores parmi les plus créatives jamais enregistrées par le Brésilien. Si cette démarche le rapproche de la musique concrète ou, plus près de lui, de joyeux expérimentateurs comme Herbert ou Matmos, Tobin a l'audace de s'entourer pour la première fois de musiciens ; mais il les dirige avec la même liberté que les samples dont il fait depuis toujours un usage virtuose. Et quand ces musiciens sont, entre autres, ceux du Kronos Quartet, c'est cette fois-ci la musique contemporaine qu'Amon Tobin va profaner par ses breakbeats massifs. Objet sonore à la fois inédit et complètement fidèle à l'inspiration de son auteur, The Foley room est vraiment le disque de musique électronique qui nous manquait depuis le début de l'année.CC