Les Fragments d'Antonin

Mercredi 15 novembre 2006

de Gabriel Le Bomin (Fr, 1h30) avec Grégori Derangère, Anouk Grinberg...

Drôle d'objet que ces Fragments d'Antonin, à la fois dans l'air du temps (30e film de guerre cette année, au moins !) et totalement hors du cadre du cinéma hexagonal par son récit éclaté et son esthétisme de tous les plans. Comme un contrechamp exact du Long dimanche de fiançailles de Jeunet, il s'attache à comprendre à rebours comment un jeune soldat, colombier pendant la guerre de 14, est devenu un légume sans blessure apparente mais ne s'exprimant plus que par gestes saccadés et tremblements nerveux. D'abord intrigant par son envie de plonger chaque séquence dans une ambiance oppressante et lynchienne (design sonore à base de lourdes basses menaçantes, très gros plans presque médicaux), le film finit par lasser pour les mêmes raisons : pour le réalisateur, on peut faire indistinctement des gros plans sur tout, la boue, une main, des entrailles, une boîte à musique, un pigeon... tout comme on peut filmer une anodine scène de tendresse de la même manière que la pire des scènes de guerre. Pas très nuancé donc, à l'instar du scénario qui tourne vite au programme, chaque flashback venant expliquer une attitude pathologique du soldat... C'est plutôt l'ennui qui domine, même si on se dit souvent qu'il y avait là, esthétiquement et thématiquement, matière à un formidable moyen-métrage. CC