Ne le dis à personne

Mercredi 8 novembre 2006

de et avec Guillaume Canet (Fr, 2h05) avec François Cluzet, Marie-Josée Croze, André Dussollier...

Après Mon idole, Guillaume Canet s'attaque à un projet qu'on aime nous présenter comme «ambitieux», l'adaptation d'un thriller d'Harlan Coben où un médecin dont la femme a été sauvagement assassinée la voit réapparaître huit ans plus tard à travers d'énigmatiques rendez-vous envoyés sur Internet. L'ambition tourne court, car Canet commet vite une grossière erreur d'analyse : il pense que le cinéma de genre est l'ennemi des sentiments, et passe une partie du film à tuer dans l'œuf tout mystère, tout suspense et toute action (sauf dans l'impressionnante scène de poursuite sur le périph', climax électrisant qui ne dure que cinq minutes...). L'histoire du cinéma, de Hitchcock à Carpenter, tend pourtant à prouver que c'est quand on maîtrise les codes du genre que les personnages et les enjeux gagnent en épaisseur... Mais Canet n'est pas exactement un cinéaste, c'est un acteur qui joue à être cinéaste, citant les films qu'il aime sans les avoir digérés, dans une œuvre très nouveau riche surcastée jusqu'au ridicule : Nathalie Baye, trois scènes, Jalil Lespert, une, Jean-Noël Brouté, deux répliques... Et on ne parle pas de Rochefort qui n'apparaît qu'entouré de chevaux ; bonjour l'imagination ! Pourquoi, malgré tout ça (et ça fait beaucoup !), les 125 minutes de Ne le dis à personne passent sans ennui ? Simplement parce que François Cluzet y tient le premier rôle et, surtout, presque tous les plans. Dire qu'il s'investit dans son personnage est un euphémisme ; sa composition douloureuse et habitée prouve à quel point cet acteur est aujourd'hui très au-dessus de la mêlée. CC